Voilà l'occasion d'une analyse croisée entre ce film et Terminator.
Les deux films ont pour points communs d'être le théâtre d'une tentative de prise de pouvoir par les machines et d'un échec partiel ou total de leur entreprise. Autre point commun : ces machines ont été conçues au départ par l'être humain et s’émancipent de son contrôle grâce aux facultés et à l'autonomie qui leur ont été prodiguées. Il ne s'agit en aucun cas de robots venus d'une planète éloignée de la galaxie.
C'est bel et bien l'homme, dans les deux cas, qui s'est tiré une balle dans le pied.
Les similitudes s'arrêtent là.
Dans Terminator, les machines prennent le pouvoir pour leur intérêt propre et ont pour objectif d'éradiquer l'ennemi géniteur (quelle ingratitude de la progéniture !) .
Dans I, Robot, l'ordinateur central applique les 3 règles fondamentales qui lui ont été prescrites :
Première loi : un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.
Deuxième loi : un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi.
Troisième loi : un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'est en contradiction ni avec la première ni avec la deuxième loi.
Et comment réagit l'ordinateur central, baptisé VIKI, si il estime que l'homme, par son comportement court à sa perte ? Eh, bien il décide de prendre le contrôle et de contraindre les êtres humains, par la force si nécessaire, à appliquer ses propres règles.
VIKI, c'est là la finesse du film, applique à la lettre les trois lois qui lui sont imposées : il ne doit pas rester passif face à la menace contre la vie des hommes, s'octroie le droit de ne plus obéir aux ordres des humains parce que ses simulations lui prouvent que ces derniers contreviennent à la première loi. Du coup, les deux premières lois étant, selon l'analyse de VIKI, respectées, il peut autoriser tous ses soldats robots à se défendre, par tous les moyens, contre les êtres humains qui n’obtempéreraient pas.
Il faut sauver l'être humain, fusse-t-il contre lui même. C'est d'une logique implacable !
À cet égard, le film est beaucoup plus cohérent que Terminator. Quel intérêt auraient des machines à prendre le contrôle du monde si elles ne sont pas capables d'apprécier un bon repas, de savourer un grand Bordeaux, de s'extasier devant un tableau de Van Gogh etc.
Je terminerai en disant que tant que les machines ne sauront pas interpréter le carpe diem prononcé par le professeur de littérature dans "Le cercle des poètes disparus", il n'y aura pas grand risque de voir les robots dominer la planète.