Quatre hommes et une femme sur les ruines d'un rêve mort-né, d'un embryon moribond de ville attendant des rails qui n'existent pas encore.
L'un des hommes - méconnaissable Henry Fonda (Le Faux coupable, Les Raisins de la colère et 12 hommes en colère) - crache, se moque, fanfaronne: il a tué le rêve pour son homme de paille qui se pense son patron.
Cet homme de paille - le séduisant Gabriele Ferzetti (L'Avventura, Au Service de Sa Majesté) s'encanaille - est un homme d'affaire donc moins qu'un homme, un homme diminué.
Ces deux diables incarnent la Loi du plus fort, celle du colt, et la loi du marché, celle du billet. Ils se croient tout puissants. Ils pensent pouvoir acheter le rêve, en menaçant et en alignant les dollars. Mais "les rêves, ça ne se vend pas", un mystérieux joueur d'harmonica et de gâchette - sublime Charles Bronson (Soleil rouge, Un Justicier dans la ville), meilleur que jamais - va le leur enseigner. Se faisant, il va ressusciter le rêve, apportant, christique, la rédemption à un bandit dit Le Cheyenne - Jason Robards (Les Hommes du Président) et le salut à une Marie-Madeleine du Far-West - sublime Claudia Cardinale (La Panthère Rose, Les Pétroleuses).
Le Tueur de rêves est aussi un Destructeur de famille, un tueur d'enfants. Et le Rédempteur est aussi un enfant détruit. Entre ces deux-là, point de rêve mais un harmonica fatal que l'on se transmet et qui transmet la mort. Une folle, belle histoire de vengeance, à la fois simple et subtile.


Un harmonica qui résonne comme un glas, un nouveau Coups du Destin de Beethoven que l'on doit à Ennio Morricone, le Beethoven moderne, le Wagner du monde des cow-boys. Le Chopin sans doute aussi, puisqu'on lui doit, outre l'harmonica, un air plus sensible, teinté de rêve, d'espoir et de nostalgie.


Une histoire simple sublimée, une musique enchanteresse et sauvage pour un film où se rencontrent, figurant la croisée des chemins de son réalisateur, le Western spaghetti et le western américain. Mieux encore, un Western ultime du Maître Sergio Leone (Trilogie du Dollar) peaufiné par le Maître du Giallo, Dario Argento, et le Maître de la Romance de moeurs, Bernardo Bertolucci. Forcément génial !
LE Western par excellence, surpassant tous les autres, aux scènes légendaires, source d'inspiration du cinéma de Tarantino et de bien d'autres.


À voir et à écouter ....
.... à méditer ....
.... à rêver !

Frenhofer
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le 18 août 2020

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Frenhofer

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