Il était une fois dans l'Ouest par z0uan
Sergio Leone nous offre ici un western cruel dans lequel sadisme et vengeance sont rois.
Les scènes de violence explosives sont entrecoupées de très longues séquences basées sur des détails sonores et visuels : de la goutte d'eau qui tombe à la girouette qui tourne en passant par la mouche qui vole. Ce souci du détail se retrouve également dans l'utilisation de gros plans très précis sur les personnages, notamment sur leurs regards et leurs armes à feu, synecdoque parfaite, nous présentant tour à tour l'expression de la vengeance (les yeux) et l'outil qui sert à l'appliquer (l'arme à feu).
Cette présentation des protagonistes par l'accentuation de ces deux éléments n'est pas sans rappeler l'expression "oeil pour oeil dents pour dents" qui colle parfaitement à l'esprit du film. En effet dans Il était une fois dans l'Ouest, la vengeance est la seule justice, elle est cautionnée et mis en exergue par la musique de Morricone qui donne une teinte sonore à cette vendetta ambiante.
Les séquences de duel sont bien entendu très travaillée, très soignée. L'esthétique y est superbe, le thème de la vengeance de Morricone, son air lancinant d'harmonica et son intensité chorégraphient le duel final tel un ballet, les deux hommes semblant effectuer une danse rituelle avant cet affrontement inévitable. Pour donner de la force à ces scènes Leone enchaîne les plans d'ensemble et les gros plans en les entremêlant, donnant tour à tour le point de vue de Frank et celui d'Harmonica, comme on filmerait une danse.
Les gros plans sur les visages des deux personnages donnent lieu à des nuances et à une précision des expressions faciales, les frémissements d'un sourire et les plissures au coin de leurs yeux démontrent toute la complexité de la confrontation vengeresse.
Au-delà de la violence, le thème de l'innocence perdue est abordée et porte le lyrisme de ce film. Le lyrisme est également porté par l'expression présente sur le visage du jeune McBain lorsqu'il prend conscience de la mort de sa famille et de l'imminence de la sienne.
Plus tard dans le film le gros plan sur la montre de Jill place cette tragédie sous la pression du temps. Elle est arrivée trop tard pour vivre son rêve de vie avec son mari, ses enfants ont été arrachés trop tôt à la vie, mais combien de temps reste-t-il avant que la vengeance remplace l'innocence dérobée ?
Le temps lie les deux thèmes, Leone le sert par ses flashbacks distillés, comme les pièces d'une histoire éparpillées tout le long du film.
Avec Il était une fois dans l'Ouest, Leone arrive à l'apogée de son propre genre. Ce qui devait juste être un amorti financier pour la Cinecittà, est devenu par la surenchère, une transcendance du Western en annihilant ses codes et sa rhétorique.
Le cinéma critique par le biais d'un genre international était un pari risqué, quelque chose que Hollywood n'aurait pas pu faire par manque de détachement.
Même s'il prend le contre-pied du Western classique Leone offre avec ce film un hommage à John Ford. En tournant certaines scènes à Monument Valley, d'une part et surtout en offrant un rôle inhabituel à Henry Fonda, l'acteur fétiche de Ford, qui évolue ici, dans une transposition noire et moderne du culte My Darling Clementine.
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