A moitié pardonnable

Incarcérée pour le meurtre d'un policier, Sandra Bullock allias Ruth Slater, souhaite à sa sortie de prison retrouver celle qui, durant 20 ans lui a permis de garder l'espoir de vivre, à savoir sa soeur qui avait 5 ans au moment des faits. Toutefois, si celle-ci a désormais grandi auprès d'une famille d'accueil et ne semble plus avoir d'autres souvenirs de sa grande soeur que de vagues flash back, les complications que va rencontrer Ruth dans son périple ne vont faire que se multiplier dans un contexte de réinsertion sociale peut-être déjà perdu d'avance. En effet, si l'officier chargé de sa réinsertion ne cesse de lui répéter que son ancienne vie est effacée, c'est les nombreux retours à la réalité qui vont peu à peu lui faire comprendre qu'elle n'est désormais plus qu'une "tueuse de flic" et qu'elle ne pourra jamais retrouver sa vie d'avant.
Le film est intéressant car il pose des questionnements d'ordre éthique et moral importants qui se résument en une question assez générale : Peut-on pardonner quelqu'un qui a tué ?
Ce n'est pas un spoil car le titre est assez explicite, le film semble répondre par la négative. En effet, il est "impardonnable" d'une part pour les enfants de la personne qu'elle a tué qu'elle puisse vivre à nouveau, impardonnable aux yeux de la nouvelle famille de sa soeur, et plus généralement impardonnable aux yeux de la société qu'une ex-tueuse soit en liberté. Dès que Ruth reprend goût à la vie, un évènement intervient pour lui rappeler qu'elle est à jamais condamné. Et c'est ce que je trouve intéressant dans le film tout les questionnements autour de la réinsertion sociale : est-elle vraiment possible au final ?
Toutefois, tous ces questionnements s'arrêtent à partir du twist final qui selon moi est très mal amené au service d'une fin bâclée qui vient remettre en question tout ce que le film raconte. Le film est alors en demi-teinte puisqu'il ne va pas au bout de ses idées et les contredit même dans une fin râtée. De plus, si certains acteurs notamment les fils du policier décédé, jouent assez mal, c'est surtout le manque de cinéma dans la réalisation qui m'a finalement laissé un sentiment d'insignifiance à l'égard du film, qui s'ajoute à la longue liste des films Netflix que je rangerais dans cette catégorie. Meme si en réalité il y a une scène à la toute fin (celle des pancakes à la chantilly) avec des mouvements de caméra intéressants, mais que je ne détaillerai pas pour ne pas spoiler.
Au final, on a un film à moitié pardonnable qui arrive à être extrêmement pertinent par ce qu'il raconte sur la réinsertion des prisonniers, mais qui me perd complètement par son manque d'identité visuelle, et par son twist final inutile et presque ridicule. Ne restera surement dans mon souvenir que la maigre performance de Sandra Bullock un peu perdue dans ce film en demi-teinte.