Dépité du pitch

[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]

J'ai été déçu par In My Room, parce qu'In My Room est un film à pitch, que je suis allé voir parce que le pitch me plaisait, avec des attentes donc, mais ce pitch est totalement déjoué. Le voici : un beau matin, un certain Armin (Hans Löw) découvre que tous les être humains ont disparu, sauf lui. En fait, un tiers du film ancre le personnage d'Armin avant l'arrivée de ce « beau matin » (ce qui m'a paru long), et une fois celui-ci arrivé, Armin s'échappe dans une montagne reculée et y reconstruit une vie paysanne. Sans doute, comprends-je, que la meilleure explication au fait qu'il n'ait pas disparu est qu'il était particulièrement misanthrope et n'aspirait qu'à ça, quitter sa vie de loser et aller élever des poules tout seul.

Je trouvais ce pitch très amusant parce que très propice à l'imagination. Tout le monde a disparu : à quoi ressemble la Terre ? Combien de temps les infrastructures continuent-elles à fonctionner (réseau électrique, eau courante, télécommunications...) ? Qu'est-ce qui perdure, qu'est-ce qui vire à la catastrophe ? La survie ne serait pas difficile, une seule personne ayant accès aux ressources pour sept milliards, mais comment s'organiser avec ces ressources ? Comment, aussi, gérer seul.e les pépins (accident, panne d'essence au milieu de nulle part...) ? Accessoirement, si je me retrouve dans cette situation, quelques enjeux me paraissent évidents : le deuil soudain de l'ensemble de mes connaissances et l'effondrement d'à peu près tous mes projets de vie ; essayer de comprendre ce que c'est que cet événement invraisemblable ; chercher à savoir (et comment le savoir) si je suis vraiment seul ou si d'autres ont survécu à travers le monde.
Armin ne fait rien de tout ça. Il est certes confronté à la perte puisqu'il tente de se suicider, mais une fois que ce suicide a échoué, la question est totalement évacuée. Il n'a pas d'autre projet que de survivre, ce qui me paraît léger comme motivation pour sortir du lit. Il survit en outre à la campagne (ce qui est bien pratique en termes de décors), et la salle a ri lorsqu'il fait des « courses » au supermarché.
Plus tard, l'arrivée improbable de Kirsi (Elena Radonicich), la seule femme au monde, qui pourtant n'a mis que quelques années à le dénicher dans son chalet reculé, vient dynamiser un peu l'intrigue. Mais là encore, j'ai trouvé que les enjeux considérables liés à la disparition de l'humanité étaient mis de côté. Et Armin se comporte particulièrement mal avec elle (risquant de la mettre enceinte contre sa volonté explicite, par ce qui semble être un mélange de nonchalance et de mesquinerie).

(Je m'efforce en général de ne pas me laisser aller à la facilité critique de dire « je n'ai pas aimé ce film parce que j'aurais voulu en voir un autre », que je trouve injuste, et d'essayer de m'ouvrir à ce que le film propose même si ce n'est pas forcément ce que j'attendais. Je m'en approche dans ma critique d'In My Room, mais je pense que ce n'est pas injuste : mes attentes étaient larges, et malgré mes efforts pour accepter le film tel qu'il est, j'ai été gêné que l'élément dramatique principal soit d'un bout à l'autre évacué presque comme une broutille.)

J'ai aimé quelques scènes tout de même, les plus humoristiques. La séquence d'ouverture est hilarante (une vidéo qui aurait dû contenir des interviews, tournée par Armin, qui a éteint sa caméra quand il voulait l'allumer et inversement, suivie par le visionnage de cette vidéo par ses supérieurs devant Armin déconfit), celle où un camion sert de sono et ses gyrophares d'ambiance disco, celle où Armin trouve sur sa route une voiture de sport et ne peut pas résister...