Dans In The Fade le premier rôle est attribué à Diane Kruger, qui joue pour la première fois dans sa langue natale. Elle interprète ici le rôle de Katja.
Lorsque son mari ainsi que son jeune fils meurent dans un attentat à la bombe, sa vie est alors détruite. Après un long moment de deuil et d’injustice, viendra le temps de la vengeance.
Le réalisateur allemand d’origine turque (Fatih Akin) s’inspire directement des attentats commis contre des immigrés turcs par le trio néonazi de la NSU dans les années 2000. Le réalisateur a eu le besoin de faire ce film pour dénoncer ces faits. Parce que oui, cette histoire est un fait terriblement actuel et surtout passionnant dans son traitement de l’après. De l’après attentat. De l’après deuil. De l’après drame. Après n’importe quel drame. Après la solitude et l’incompréhension, les victimes se renferment. Après l’oubli auquel on souhaite les contraindre. Et en cela, tout est malheureusement universel.
Diane Kruger fait parfaitement évoluer son personnage de la félicité au malheur en passant par la douleur la plus absolue tout en démontrant l’étendue et la finesse de son jeu.
Le long métrage démarre par une séquence de mariage en prison. Une métaphore de ce qui l’attend. Une prison de souffrance dans laquelle le drame va ensuite l’enfermer.
Le film est divisé en trois parties. Trois étapes du drame – Deuil, Injustice, Vengeance – jusqu’au point de non retour. Une œuvre aux accents de film noir avec cette pluie qui, rageuse, tombe continuellement.
Si Fatih Akin tombe dans certaines facilités scénaristiques surtout durant le dernière acte, il n’en dresse pas moins un portrait poignant de cette femme, dévorée par la douleur. Et lorsque, sur les côtes grecques, la nature et son corps même semblent la rappeler tant bien que mal vers la vie, comment ne pas être ému par le choix de Katja.
L’utilisation de la musique The Bronze du groupe Queens of the Stone Age achève ce tableau dramatique auquel il est impossible de rester indifférent, notamment grâce à la performance parfaite de Diane Kruger (qui à d’ailleurs remporté le Prix d’interprétation féminine du 70ème festival de Cannes) au service de ce personnage désarmé face à autant d’injustice et d’indifférence et qui, seule, doit faire face à l’insoutenable.
Léo Jacquet
https://lecoincritique.wordpress.com/2018/01/31/in-the-fade/