A cause ou grâce à son excellent "Prisoners", j'ai eu envie de voir le chef d'oeuvre qui lui a ouvert les portes d'Hollywood, encore plus à la lecture des multiples critiques dithyrambiques, surtout que par chance, il était diffusé sur Arte.
Malheureusement, après une ouverture ou le regard sombre de l'enfant rasé, donnant une puissance visuelle et émotionnelle au film, puis la lecture du testament qui suggère et intrigue, ce qui provoque une curiosité malsaine, vu les douleurs qui sont à demi-mots dévoilées. Le film va s'alourdir, devenir pesant, la lenteur mis en place, tout en utilisant des raccourcis pour raconter l'histoire "vraie" mais remaniée, m'ennuie et me dérange.
La platitude de la réalisation; surement pour coller à la pièce de théâtre dont elle est adaptée, elle-même inspirée de la vie de Souha Bechara (ce qui m'aura au moins permis de découvrir sa vie); les arrangements avec l'histoire, dont je ne vois pas l’intérêt, me pose problème, déjà que le film n'est pas très captivant, alors si en plus des libertés sont prises, cela me dérange encore plus.
Militante et résistante Libanaise, on nous raconte sa vie par le biais d'enfants qu'elle n'a pas eu, rajoutant une brève histoire d'amour avec un musulman; alors qu'elle est chrétienne; pas un mot sur son père dont elle suit les traces, il reste sa tentative d'assassinat, tout aussi différente dans la réalité que dans le film, avant de se retrouver durant 10 ans en prison, sans procès et torturée, aux mains de l'armée israélienne.
Alors, ça va s'insurger "oui mais ce n'est que du cinéma, on regarde le film et puis voilà", sauf que lorsque le film est assez moyen, les défauts sont plus voyants. Parce que 2h15 pour nous raconter la vie d'une femme que les enfants haïssent, avant qu'ils découvrent son parcours, ce qui excuse son attitude envers eux, la recherche de autre fils et mari au Liban, alors qu'ils vivent au Quebec, croyant que leur père était mort, ne sachant pas qu'ils avaient un frère, c'est plus un gros mélodrame, alors qu'il y avait une vraie histoire à raconter.
Ce choix scénaristique me déplaît, je ne comprends pas l'engouement au sujet de ce film, qui est quelconque sauf pour les performances des deux actrices principales Lubna Azabal et Mélissa Désormeaux-Poulin, aussi fortes que fragiles, la mère et la fille se ressemblant, tout en étant différentes.
La déception est immense, l'attente était surement trop grande, je préfère le cinéma de Costa Gavras avec Z, L'aveu ou Missing, abordait l'histoire et ses travers, s'attachant à nous raconter l'horreur de la guerre ou de ses conséquences avec subtilité, tout comme Michael Haneke maîtrisant mieux la lenteur et l'absence d'explications, même si parfois cela ne passe pas (cf Caché), au moins Denis Villeneuve me rappelle le cinéma de 2 grands réalisateurs, que sa filmographie en soit l'égale.