J'ai découvert Raiders of the Lost Ark au début des années 80 en cassette V2000 chez ma tante. Avec mes cousins, on le regardait 3 à 4 fois par semaine.
Ensuite je n'ai pas vu Temple of Doom au cinéma, j'étais trop petit, me dit on.
Mais The Last Crusade je l'ai vu 3 fois en salles.
J'ai fini par découvrir le Temple of Doom et comme il était extrêmement différent, sombre, pas de Nazis, etc... Je me suis senti aliéné. Rejet. Même Spielberg y dit qu'il l'aime pas, alors moi je suis jeune, je fais confiance. Il a fallu que je le revoie en cassette VHS à moi, puis en Laserdisc plusieurs fois, pour en apprécier le rythme fou, le vrai méchant méchant et l'audace des cascades...
Quelques années plus tard j'ai eu l'occasion de le voir en 70mm au Max Linder, et c'est là qu'il m'a atomisé menu. La beauté de la photo surclasse les deux autres Indys réunis, et c'est depuis devenu mon préféré de tous.
Pur produit des eighties, j'adore les Indiana Jones. Sorte d'icône incontournable ; témoin d'une vieille splendeur hollywoodienne et de l'inventivité d'un Spielberg encore conquérant. Même en pantoufles dans le 3, il pond des scènes à couper le souffle et bichonne ses personnages comme presque plus jamais...
Alors quand en 2003 est annoncée la mise en chantier du quatrième opus, et que Shia-j'ai-le-charisme-d'une-courge-morte-Labeouf sera de la partie, les langues de vipères se délient, la mienne y compris.
Spielberg n'a fait que de la rhla depuis 1998... Alors Indy en fauteuil roulant ? Shia qui prend la relève ?
Sinistre blague !
Le dessus, Jackie Chan nous lance New Police Story dans lequel il vomit en plan séquence et descend un immeuble en rappel avec des menottes. Les papis sont pas morts ! Tac ! Stallone annonce qu'il rempile dans les rôles de Rocky et Rambo !
Bruce Willis déterre le marcel de McClane ! Indiana Jones a-t'il ses chances ? Nous le saurons en Mai 2008...
Arrive Mai 2008. Après avoir épluché les quelques minutes de bandes-annonces, je me dis que c'est à la fois prometteur et effrayant. Y'a des plans chouettes qui côtoient de la jungle infographie moche à pleurer. Spielberg crie sur les toits qu'il a mis un frein aux ordinateurs et qu'il a tout fait à l'ancienne, mais les premières images prouvent le contraire... De plus entre temps, Lucas est devenu à moitié fou ( écoutez le commentaire audio de Attack of the Clones pour vous en convaincre... )
Alors on entre dans la salle en se demandant ce qui va s'y passer.
Quelques deux heures plus tard, je ressors mitigé ( c'est complètement normal ) mais pas totalement anéanti comme c'est trop souvent le cas chez mes contemporains.
Les détracteurs du film brocardent les errements les plus "évidents" avec pour cris de ralliement : " NUKE THE FRIDGE ! " ou encore " FUCK THE ALIENS, YO ! " Mais moi je me dis stoïquement : " ce que j'ai accepté à 12 ans, je veux encore l'accepter à 30. "
Parce que les trois autres Indiana Jones ont en commun de rivaliser de grandiloquence dans les scènes d'action, et que 20 ans après, les créateurs se sont sentis obligés de lever la barre haut-très-haut, quitte à passer pour des caves...
Et au final, j'ai aucun, sinon très peu de problèmes avec ce que contient le film. Si leur obsession personnelles est de mettre du CGI partout, d'ajouter des Capucins-anticommunistes-du-Pérou et de NUKE le FRIDGE, grand bien leur fasse ! Je suis juste un peu blasé par la com' qui a menti sur toute la ligne, mais le film, même dans ses errances les plus bizarres, ne me choque pas.
J'aime beaucoup le début, on n'avait pas vu de scène d'action lisible, comme ça à Hollywood depuis qu'on a fait mettre McTiernan en prison... Et la poursuite à moto au college a la classe. La longue poursuite de jungle, une fois qu'on SAIT que c'est de l'infographie partout partout est très agréable, dense et rondement menée...
Le retour de Karen Allen dans les bras d'Harrison marche du tonnerre et l'alchimie entre eux deux fonctionne...
Mon seul vrai bémol ? Shia fait l'unanimité : il n'a rien à foutre ici.
Sinon, j'ai beaucoup plus de problèmes avec ce que le film ne contient PAS.
Indiana Jones se sert de son fouet trois fois en tout dans le film, et deux fois c'est un échec. Véritable sociopathe, il n'hésitait pas à tuer son prochain dans les années 30 et là il tue personne. Vaguement du poison dans la bouche d'un pauvre gardien et il jette un soviet aux fourmis... Faut pas oublier qu'entre temps Spielberg est devenu un prude papi qui met des talkie-walkies à la places des armes à feu dans ET. Du coup la personnalité même d'Indy est vilainement écornée !
Mais qu'à cela ne tienne, je défends le film becs et ongles, et le problème c'est que pour ça, je suis obligé de le comparer à Last Crusade, le vrai canard boiteux de la série, qui quand on y réfléchit deux secondes, faisait bien pire en matière de scénar bidon et d'écornage d'icones !
Dans Last Crusade on montre qu'Indiana Jones, notre alpha-male préféré, est devenu ce qu'il est en quelques heures, et par accident, en plus. Puis 40 minutes d'une exposition maladroite à souhait ( notament le méchant qui raconte une légende à Indy qui la connaît déjà... ) et de conneries hallucinantes ( alors y'a les mecs de l'épée cruciforme qui veulent protéger le Graal, alors ils cherchent à buter Indy par tous les moyens : foutre le feu à des catacombes à la valeur archéologique inestimable... Tirer à la mitraillette à tout va dans Venise... Rien ne les arrête, pas même l'explosion d'un de leurs bateaux... et finalement on a droit au dialogue le plus expéditif ( et con ) du monde :
Indy : " qu'est-ce que vous m'voulez !? "
Mec : " Pourquoi vous voulez le Graal ? "
Indy : " Je ne veux pas le Graal, je veux mon père !! "
Mec : " Dans ce cas nous sommes amis pour la vie. Votre père est retenu prisonnier dans le château de Brünwald à la frontière autrichienne... "
Comment le mec est au courant, et pourquoi il lâche l'info maintenant, ça défie l'entendement. Et ensuite s'il est au courant de tout, pourquoi n'ajoute-t'il pas : " Et votre connasse de blonde, là, c'est une putain de NAZIe, mon couillon. Vous devriez la noyer avant qu'elle ne vous cause du tort. " )
Bref il faut attendre que Sean Connery intervienne pour que la vraie bonne dynamique du film se mette en place. Exposition foireuse, moi je vous dis.
Au moins dans le 4, même si vous n'aimez pas les Fridges Nukés et les Capucins-anticommunistes-du-Pérou surgis de nulle part... L'exposition tient la route !