Innocence est avant tout un très beau film, j'ai presque envie de dire "trop beau" parce que la réalisatrice semble parfois davantage se poser sur l'image que sur l'histoire qu'elle veut raconter.
Il est difficile de décrire la fascination provoquée par ce long-métrage. Il y a, dans ce long déroulement sans hâte, une douceur et pourtant une détresse, une colère, un mélange de sentiments indéfinissable. L'ensemble est envoûtant et poignant, réaliste à l'extrême.
Les personnages, exclusivement féminins, laissent tous entrevoir une facette de l'humain qui nous touche profondément. L'évolution des enfants, leurs tourments et espoirs, est incroyablement bien menée avec une grande délicatesse. L'environnement est dévoilé au fil de ce que les fillettes nous laissent entrevoir et c'est avec une curiosité dévorante que l'on se jette sur le moindre détail.
Seulement, à jouer ainsi avec notre curiosité, la réalisatrice aurait dû se douter que l'on en attendrait plus. Le film danse sur le fil, frôle volontairement les limites, mais ne s'avance jamais suffisamment sur les questions qu'il soulève.
A la fin du visionnage, il reste une certaine frustration provoquée par les questionnements qui ne trouveront jamais de réponse, des destins laissés en suspension dans un univers décousu aux mystères encore nombreux.
Peut-être cela laisse-t-il place à l'imagination, c'est même certain, mais il m'était devenu crucial d'obtenir quelques éclaircissements que je n'aurai malheureusement jamais.
Je pense notamment à ce qui arrive à la jeune ruban bleu choisie par la directrice, à cet endroit où arrive Bianca à la fin du film, qui sont réellement Mesdemoiselles Eva et Edith, comment sont choisies les fillettes et d'où viennent-elles, etc, etc...
Il n'en reste pas moins un film fascinant, absolument magique, prenant et provocateur à la fois, que je conseille vivement. Mais préparez-vous à ressentir une grande frustration ;)