En Alaska, il y a les natifs et ceux qui viennent pour fuir quelque chose...

/!\ Attention il y aura des spoilers dans cette critique /!\
Il faut croire qu'hier soir était un bon soir pour faire un rattrapage cinématographique, puisque j'ai décidé de sortir enfin le blu-ray d'Insomnia que j'ai depuis un bout de temps et de me plonger dans un des premiers grands films du seul, de l'unique, Christopher Nolan. Etant un fan d'Inception et d'Interstellar, ainsi que de la trilogie Dark Knight, autant vous dire que c'est avec un certain plaisir que je me suis décidé à me lancer son oeuvre de 2002 avec un casting impressionnant constitué d'Al Pacino, de Robin Williams ainsi que d'Hillary Swank. Venons-en au faite.
Et pour commencer, c'est sans hésitation que je vais parler de la perle qu'est Insomnia en terme de réalisation. Christopher Nolan met un soin incroyable à mettre le spectateur dans un état parallèle au personnage, pour lui faire ressentir le manque de sommeil de ce dernier. Moi qui aimerais un jour parcourir le territoire de glace qu'est l'Alaska, je dois dire que non seulement certains plan large sont très sympa, montrant de très beau paysages, mais que Nolan rend également captivant le cycle jour/nuit quasi-inexistant de ce curieux pays, qui le caractérise d'ailleurs beaucoup.
Et ici, on ne parlera pas de la nuit polaire durant plusieurs mois, laissant les habitants sans soleil et lumière du jour mais laissant apparaître de magnifiques aurore boréales, non ici on parlera de l'exact opposé. Dans ce film, on vous dit très vite que vous atterrissez avec le personnage principal dans une période de l'année où la nuit ne tombe pas. Je me suis fait ainsi plusieurs la réflexion de me dire à quel point les corps inhabitués devait en souffrir. Lorsqu'on entend qu'il est 10h du soir et qu'il fait un grand jour, Al Pacino est déboussolé au même titre que le spectateur. Puis il le sera encore plus lorsqu'on lui annoncera qu'il est minuit sous la lumière du jour, où qu'il se baladera en pleine rue sous un ciel bleu mais à un moment où tout le monde dort, laissant des aires d'apocalypse à cette ville inanimé.
Je dois également dire que j'ai fortement apprécié l'obsession que fait le personnage sur le filet de lumière qui passe à travers ces volets, qu'il prendra pour la cause de ces insomnies. Il y a un gros travail concernant la folie qui gagne le personnage petit à petit au gré des insomnies. Car le héros ne dormira jamais, et passera 4 puis 5 puis 6 journées sans sommeil. On voit ainsi le temps défiler en se demandant comment on peut tenir encore debout au bout d'autant de temps sans reposer son corps. Bien sûr les quelques moment d'hallucinations et les énormes cernes de l'inspecteur ne manqueront pas de rappeler les effets indésirables sur le corps. Il y a d'ailleurs cette scène marquante vers la fin du film qui illustre mes propos : celle où Al Pacino, qui arrive à la finalité de son obsession, va jusqu’à empilé tous ce qu'il y a dans sa chambre sur la fenêtre pour empêcher le filet de lumière de rentrer dans sa chambre d'hôtel et que la maître des lieux vient lui dire qu'il fait très sombre dans la pièce contrairement à ce que nous fait croire l'image. Et lorsqu'elle allume la lumière, on est ébloui tout autant qu'Al Pacino, nous faisant comprendre à quel point nous sommes descendu dans cet enfer insomniaque en même temps que le personnage principal. Un joli tour de passe passe pour impliquer le spectateurs. Brillant.


Bon, maintenant que j'ai pris le temps de parler avec amour de la réalisation au petits oignons de Nolan, venons-en à ce que j'ai trouvé dommageable dans cet oeuvre. Je n'irai pas par quatre chemins : la faiblesse du film se trouve très clairement dans son scénario. Non seulement, l'intrigue mettra un sacré moment à décoller, mais l'intrigue en elle-même manque cruellement de panache. Plus que basique, et assez facile à deviner, je n'ai jamais eu l'impression d'être emporté dans un thriller dynamique. Hillary Swank met peu de motivation dans son personnage, le rendant assez fade et vraiment oubliable. Robin Williams joue quand à lui très bien le rôle d'un cinglé (sa fait bizarre d'ailleurs) mais son personnage manquera vraiment de profondeur, même s'il surprendra parfois au détour de quelques dialogues.
Pour conclure, Insomnia arrive à être un film prenant seulement par sa réalisation. Nolan tient très clairement le film avec sa caméra et ses montages. Tout est calculé avec finesse, et je tire mon chapeau devant tant de talent. Bon, sur ce j'ai bien envie d'aller continuer mon rattrapage cinématographique. Alors à très bientôt.

Skudd
7
Écrit par

Créée

le 29 août 2019

Critique lue 130 fois

2 j'aime

Wise Man

Écrit par

Critique lue 130 fois

2

D'autres avis sur Insomnia

Insomnia
Chaosmos
7

Les rêveries d'un promeneur solitaire

Après un Memento certes séduisant mais artificiel dans sa structure bien souvent, Insomnia semble alors s'imposer comme le premier vrai tournant cinématographique pour Christopher Nolan. Film de...

le 29 août 2017

36 j'aime

2

Insomnia
chinaskibuk
9

Grand hommage

Un an bientôt que l'ami Piero s'en est allé. Avec le recul, j'ai pensé à beaucoup de choses, certaines ne peuvent être dites sous peine de bannissement illico presto, d'autres peuvent l'être, et...

le 3 oct. 2021

29 j'aime

16

Insomnia
Gand-Alf
7

Ouvre les yeux.

Auréolé du succès de son "Memento", Christopher Nolan se vit offrir la réalisation de cet "Insomnia", remake d'un intéressant polar norvégien signé Erik Skjoldbjaerg. Racontant grosso merdo la même...

le 10 oct. 2012

29 j'aime

4

Du même critique

Mother!
Skudd
9

Une claque comme on en voit rarement

Mother ! est une expérience comme il est rare d'en voir, au point qu'il va être délicat d'écrire une critique, pour moi comme pour toutes personnes ayant aimé le film. Je pense que pour apprécier...

le 17 sept. 2017

7 j'aime

Mr. Mercedes
Skudd
7

Prenant mais très malaisant

Critique après visualisation de la Saison 1 Mr Mercedes est une énièmes adaptation d’un roman de Stephen King et j’etais pour le coup curieux de voir si la série valait le détour, en sachant que je...

le 5 févr. 2018

6 j'aime

3