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7.4
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Court-métrage d'animation de Karel Zeman (1949)

Le réalisateur, Karel Zeman, est un des représentants de l’école tchèque de l’animation. A l’époque (le film date de 1948), la Tchécoslovaquie était réputée pour ses cinéastes d’animation (notamment) et pour le cristal de Bohème (Karel Zeman dédie son film aux artisans verriers de son pays). Peut-être vous endormiriez-vous en essayant d’épeler Tchécoslovaquie à l’envers (voir La huitième femme de Barbe-Bleue de Lubitsch), mais il y a fort à parier que vous resterez l’œil collé à votre écran pendant les onze minutes de ce film. Karel Zeman s’y montre particulièrement inspiré pour montrer une histoire d’amour sans dialogue, qui fascine par ses péripéties, son inventivité et son esthétique. Les moyens techniques utilisés n’ont rien à voir avec les technologies numériques modernes. Technicien expérimenté (il a commencé par des courts-métrages publicitaires, pour des firmes comme Bata et Tatra, respectivement des chaussures et des voitures), l’artisan Karel Zeman fait des petits miracles avec ses bricolages maison. Il combine à merveille prises de vues réelles et animation, sa marque de fabrique en quelque sorte.


Pour voir sur grand écran (support irremplaçable), ce court-métrage d'une stupéfiante poésie, vous pouvez guetter un programme intitulé La magie Karel Zeman constitué de 5 courts-métrages destinés à un jeune public. Programme assez varié, essentiellement en noir et blanc, qui se termine par celui-ci. De la poésie dans chaque, une incroyable beauté visuelle dans celui-ci, avec une utilisation remarquable de la couleur. Sinon, vous pouvez suivre ce lien :


https://www.youtube.com/watch?v=cKncCNc2P3E


L’histoire est universelle et présentée comme la rêverie d’un artisan verrier à la recherche de l’inspiration dans son atelier. De l’extérieur, on le voit regarder distraitement une vitre sur laquelle les gouttes de pluie dégoulinent. Le parallèle entre le verre et l’eau se concrétise naturellement, l’artisan ayant l’habitude de voir ces deux matières également transparentes, à l’état solide comme à l’état liquide. Une vitre permet de voir ce qui se passe au-delà, tout en constituant un obstacle, une séparation. Largement suffisant pour symboliser tout ce qui s’oppose à la réalisation de l’amour, aussi pur soit-il.


La jeune fille (Colombine) est une patineuse qui se déplace avec grâce, élégance et délicatesse sur la glace. Avec une figurine en pâte de verre, Zeman réalise quelques plans à couper le souffle. Le jeune homme (Pierrot) est constitué d’un paquet de fibres végétales nouées (voir son "éclosion"). Cela laisse deviner une tête et des membres. C’est une marionnette animée qui se révèle très expressive entre les mains de la personne qui la dirige. Restent les décors et la musique. Karel Zeman utilise tous les effets à sa disposition, sans jamais verser dans le vulgaire de pacotille. Idem pour la musique qui est avant tout romantique. L’ensemble est sans parole et compréhensible même pour un jeune public. Karel Zeman fait ici œuvre d’esthète. C’est magnifique de bout en bout !

Electron
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le 7 févr. 2015

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Electron

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