Aujourd'hui, film de requin est devenu l'équivalent du film nanar. Oui, aujourd'hui la figure du requin au cinéma est aussi WTF que celle du chat sur Internet. Aujourd'hui, les requins sont nazis, tombent du ciel, font la taille du World Trade Center.


Jaume Collet-Serra, lui, a voulu remettre le Grand blanc dans son aquarium naturelle.
Et c'est plutôt bien comme ça.


"Instinct de survie" est un gentil film, loin d'être mauvais. Mais tout y est limpide.
L'histoire, une jeune femme qui part en solo au Mexique pour surfer sur la plage de son enfance, la plage de sa mère décédée. Mais rapidement, elle se retrouve encerclée par un requin tueur bien décidé à déguster la jolie blonde. Seule au monde et perchée sur un rocher, Nancy va devoir redoubler d'effort et de sang froid pour se tirer de la panade.


Le problème du film de Collet-Serra, c'est qu'il navigue entre deux eaux (ha ha).
On commence par un ton assez léger, entre musiques fun, plans aériens exposant un décor paradisiaque, sans oublier les ralentis sur d'immenses vagues et surtout sur les belles jambes de notre héroïne.
Puis vient la menace, quasi invisible dans un premier temps. Mais rapidement, le requin sort de l'eau pour enchaîner les kills avec une férocité grandissante.


Le problème, c'est que ce procédé finit par créer de la distance avec la situation exposée.
Là où un "Open Water" joue avec l'imaginaire du spectateur en ne montrant qu'un aileron de la bête et en jouant ainsi sur une mise en scène angoissante, "Instinct de survie" finit par avoir les yeux plus gros que le ventre et nous montre un monstre marin numérique à peine crédible visuellement.


Dommage, car la première partie du film est plutôt inspirée. Procédé classique de la vision subjective du requin qui guette ses proies par les fonds marins, mais le réalisateur use d'autres procédés comme le son pour augmenter l'immersion menaçante. Ainsi, dès que la caméra passe sous l'eau, la musique extra-diégétique s'arrête et laisse place à un silence marin angoissant.


De manière globale, "Instinct de survie" reste un film cohérent sans moment de faiblesse. Sa courte durée n'y est pas innocente.
Par ailleurs, Blake Lively assure le job. Il n'est jamais évident de jouer tout seul, surtout face à une créature qui n'existe pas sur le plateau de tournage... Donc de ce point de vue là, le personnage fonctionne, augmenté par quelques éléments narratifs tirés de sa vie familiale afin de favoriser l’attachement du spectateur.


La seule vraie lacune de ce film est donc qu'il ne nous fait pas peur. Pourtant, les choix de mise en scène exposés plus haut pouvaient nous faire penser du contraire.


On est face à un bon petit divertissement estival, joli et bien réalisé. Ni plus, ni moins.

Théo-C
6
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le 30 août 2016

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Théo-C

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