Pour le spectacle et le casting, mais c'est tout

J'aurais pu voir ce film plus de dix ans avant que je ne l'ai découvert, en effet, en lisant mon magazine télé, fin septembre 2007, j'avais repéré une diffusion de ce film sur Arte en prime-time : je n'avais jamais vu un film remontant à 1916, long de trois heures diffusé en prime !
Mais pour différentes raisons, je n'ai pas pu, c'est donc en pleine découvertes de films muets fin novembre 2020, pile une semaine avant le précédent opus de Griffith : "Naissance d'une nation" que j'ai découvert enfin "Intolérance".


Le film possède plusieurs qualités : un casting tout à fait excellent, Mae Marsh, Constance Tamaldge se distinguent, la première étant « La bien aimée » (la jeune femme du présent) et la deuxième jouant à la fois « la fille de la montagne » et Marguerite de Valois, Griffith étant un grand directeur d’actrices et clairement un féministe. Puisque les rôles féminins dans ce film sont très forts, que ce soit « La bien aimée » et « la fille de la montagne », ce sont des femmes fortes qui se refusent à être des victimes,


tandis que la première renonce


, ce ne sera jamais le cas de la deuxième.
L’autre qualité qui est évident ce sont les décors monstrueux : surtout Babylone qui est vraiment impressionnant, surtout lorsqu’on sait que tout est en taille réelle, les scènes de batailles sont vraiment incroyables, c’est du grand spectacle qui envoie vraiment. Les décors et les costumes du seizième siècle sont plutôt réalistes mais clairement tournés en studio, l’essentiel du budget est clairement passé par la partie Babylone. C’est vraiment clair que Griffith s’est fait plaisir, il voulait que le spectateur en ai pour les yeux et que ce soit celui de 1916 ou celui de plus cent ans plus tard comme moi, on est pas déçus de ce côte là. Même les décors du présent, avec notamment une usine, un train, des voitures, une prison vaut le coup d’œil.
Les figurants sont par centaines que ce soit à Babylone, dans le présent (au moment de la grève) et à l’époque de Saint-Barthélemy, c’est vraiment impressionnant. On avait sans doute jamais vu en 1916 autant de personnes apparaître dans un seul film. Griffith savait fort bien diriger les scènes de foule. Côté mise en scène et montage, c’est surtout des plans fixes et larges, osant quelques travellings et à la fin de très belles surimpressions, mais comme dans « Naissance d’une nation », c’est le montage qui rend le film magique, surtout à la fin, créant un suspense en alternant les époques avant qu’un événement se produise, là le montage est frénétique, on ne peut pas lâcher l’écran, nous faisant nous demander : « Que vont devenir les personnages ? ».
Le film prend du temps à démarrer mais une fois que c'est le cas, ça envoie vraiment du lourd.
Mais le film à des défauts à commencer par sa narration très pompeuse, à la fois spirituelle et profondément religieuse, c’est très saoulant, c’est cul-cul la praline comme la plupart des dialogues d’ailleurs : les personnages principaux sont croyants et le reconnaissant trop. Ça peut pourrir un film ça et ça m’a pourrit le visionnage, d’ailleurs et c’est tant mieux, à un moment, les intertitres sont hyper-rares, on est là que pour le visuel et le destin des personnages.
« Intolérance » c’est du film choral donc techniquement c’est passionnant, de passer d’un personnage à un autre et ça marche.
Pour finir : la musique d’accompagnement est superbe, collant parfaitement aux séquences, aux époques citées, ce sont des morceaux qui s’enchaînent (il y a une pause entre chaque) correspondant parfaitement non seulement aux images et aussi au montage, au suspense, surtout à la fin. Si bien qu’on ne la remarque pas la plupart du temps.
Ma note : pile la moyenne mais entre la narration et les dialogues cul-cul la praline et les scènes de violences sadiques de la fin qui auraient pu l’être moins même si ça semble retranscrire la réalité (surtout le massacre de Saint-Barthélemy), bah ça passe pas trop. Je pense que je le reverrais et peut-être, je l’aimerais encore plus mais pour l’instant, mon souvenir en est assez amer. C’est un film qui malgré, les destins de ses personnages, son casting très solide, et ses séquences spectaculaires m’a bien nettement moins "parler" que « Naissance d’une nation ».

Derrick528
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le 29 juil. 2021

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Derrick528

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