Tu n'aurais pas dû toucher à ce sport sacré que l'on nomme le rugby, Blondin. Car au rugby je te prends quand tu veux et où tu veux, enfoiré de Républicain de base. Jusque là lors des duels au revolver c'est toujours toi qui gagnais, oh pas de beaucoup, à peine quelques fractions de secondes suffisaient, mais tu veux que je te dise, j'en avais marre de mordre tout le temps la poussière pendant que toi tu soufflais bêtement sur ton revolver. Comme je le dis toujours en tombant : la prochaine fois je t'aurai et là, fais gaffe au tampon, si tu viens sur mon terrain, Blondin !


Qu'est-ce que tu connais au rugby, toi qui est né dans un pays où on joue au football avec des casques grillagés et des collants de danseuse? Comme tu l'as dit toi-même Blondin," le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent." Moi je fais partie de ceux qui creusent le sujet. Si tu t'étais renseigné un tout petit peu tu aurais vu que cette coupe du monde était truquée dès le début car il fallait que l'Afrique du Sud (les Springboks) gagne par n'importe quel moyen. C'est à ma connaissance la première fois qu'on avait prévu un scénario pour une coupe du monde. C'est peut-être ça d'ailleurs qui t'a décidé à en faire un film. La première tricherie a été le match Afrique du Sud - France. Trois essais refusés pour les Français par l'arbitre, un essai accordé aux Springboks qui n'y était pas. Et le moment qui restera pour la postérité c'est l'essai refusé à cause de la pluie à la France alors que le ballon avait touché la ligne. Ce match a été une honte pour le rugby mondial, ceci dit sans chauvinisme aucun.


Puis vint la finale dont parle le film.
Pour celles et ceux qui connaissent mal le rugby je vais faire une rapide présentation des forces en présence. D'un côté les Springboks, une sélection de garçons-vachers habitués à rentrer les bœufs en les portant sur leur dos et de garçons-bouchers connaissant les morceaux les plus tendres de l'adversaire, le nez pour l'écraser, les arcades pour les péter, le foie pour l'éclater. Ces rugbymans avaient une particularité : c'était tous des blancs, à tel point que je me prenais des claques quand je soutenais à ma mère que c'était bien l'équipe d'Afrique du Sud qui jouait.


En face les invincibles All Blacks néo-zélandais : ces favoris de cœur de tout amateur de rugby étaient un amalgame d'indigènes descendants des guerriers anthropophages et d'arrières- petits-fils de bagnards anglais. Des artistes habillés par Soulages affamés de ballons, de chocs désintégrateurs et de grands espaces mais respectueux des règles du milieu, féroces mais organisés dans leur férocité, impitoyables mais unis en rang serré sous le drapeau noir des forbans frappé d'une fougère.


Tous ceux qui connaissent le rugby savent que les All Blacks de cette époque étaient supérieurs aux Springboks. Mais pour fausser le match un puissant laxatif avait été rajouté en loucedé dans le repas des All Blacks. Résultat ils étaient comme des fantômes sur le terrain, sans force, sans vitesse ni agressivité. Et bien sûr l'Afrique du Sud gagna le match sans panache mais, selon les journalistes, transcendée par le Pienaar, (prononcer Pinard) (Matt Damon) le capitaine de l'équipe et ses discours enflammés. Voilà comment cette équipe devint pour la postérité une équipe héroïque et invincible, avec une rage de vaincre formidable à laquelle aucune équipe ne pouvait résister, comme le film, vraiment craignos sur le plan rugby, le laisse croire.


Pour rajouter une note plus triste il faut aussi rappeler ce qui est arrivé à au moins trois joueurs sud-africains de l'équipe championne du monde qui sont morts prématurément des suites d'une même maladie extrêmement rare provoquée par le dopage. « L'histoire est écrite par les vainqueurs » disait Brasillach, et comme dans les programmes scolaires futurs on préférera citer plutôt Booba: « Les vainqueurs l'écrivent, les vaincus racontent l'histoire».


A part ça dirty Harry, tu as fait, c'est vrai exister Mandela (Morgan Freeman) pour la postérité mieux qu'avec un livre d'histoire. C'était un sacré challenge de rassurer le peuple blanc et lui redonner confiance en l'avenir. Mandela a compris que l'essentiel, en plus de l'économie, passait par le rugby en Afrique du Sud et a réussi le défi de la réconciliation alors que dans son propre parti l'ANC la plupart rêvaient de découdre du blanc. A part ça, Callaghan, c'est vrai, Mandela était un homme politique extraordinaire. Aucune haine, aucun désir de vengeance après toutes ces années passées en prison (27 ans). Seule comptait la réconciliation nationale.
Pour cela il fallait bien faire de petites concessions aux blancs et de grosses concessions avec l'éthique sportive. Tu as donc encore gagné, Invictus Clint, comme l'équipe des Springboks a gagné, mais avoue que cette fois tu as triché.


Note  sur le match : 2


Note sur le geste politique : 10


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le 23 août 2019

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