"Bloodsport", "Kickboxer", "Full Contact", "Universal Soldier" ou encore "Street Fighter - L'ultime combat", tous ces films ayant marqués notre jeunesse (souvent pour les mauvaises raisons, avouons-le) ont pour point commun JCVD. JCVD pour Jean-Claude Van Damme, né Jean-Claude Camille François Van Varenberg (et ouais!), acteur belge connu pour faire le grand écart comme personne.
JCVD, abréviation connue pour désigner le personnage plus que l'homme, ce personnage qui danse comme une folle dans "Kickboxer pour ensuite, dans le même film, éclater la tête à Tong Po, l'homme qui s'entraine en défonçant des piliers en béton.
Ce personnage qui fait si bien les coups de pieds sautés, d'autant plus impressionnants si on considère sa petite taille, pour se débarrasser des ses adversaires.
Ce personnage, enfin, qui part complètement en vrille en interview en mélangeant français et anglais dans des phrases absconses.

JCVD... un personnage insaisissable mais surtout un personnage qui cache un homme, un homme que l'on ne connait finalement que peu.
JCVD c'est désormais un film, un film sur JCVD mais pas seulement. C'est un film qui veut nous montrer qui se cache derrière JCVD... Qui est, en fait, Jean-Claude Van Varenberg ?

Un projet atypique, biographique sans l'être puisqu'ici il est question de confronter l'homme à la légende.
Le film s'ouvre d'ailleurs par un étonnant plan séquence montrant Jean-Claude plongé dans une scène de guerre, progressant en tuant et castagnant tous ceux qu'il croise. Une séquence réglée comme du papier à musique mais qui se finit par un décor qui s'écroule, une séquence qui entre en résonance avec la carrière moribonde de cet acteur autrefois au sommet.

Jean-Claude Van Damme est donc un acteur qui cachetonne, qui n'intéresse plus personne et qui doit faire face à un divorce compliqué. D'emblée la situation est à des kilomètres de l'idée reçue sur Van Damme, en fait être Has Been c'est pas drôle.
Un point de départ qui ne se démentira pas par la suite, puisque le film prend un à un tous les clichés sur l'acteur pour les retourner et nous les renvoyer à la tronche.
Ainsi le film ne se prive pas pour nous montrer les fameuses séquences "Aware" qu'on a tous visionné en boucle sur Youtube et qui nous ont, à chaque fois, fait hurler de rire.
Ouais mais Mabrouk el Mechri arrive à nous mettre mal à l'aise avec ces séquences, lorsque l'on découvre Jean-Claude navré de lui-même en regardant ces images le prétexte au rire se transforme en honte... non pas pour Van Damme mais bel et bien pour nous-même. Un tour de force qui vaut à lui seul la vision de ce film à la sincérité totale.

Ainsi Jean-Claude Van Damme est réellement touchant et démontre un véritable talent d'acteur. Un constat qui ne date pas de ce film là ( il suffit de voir "Replicant" ou "L'empreinte de la mort", entre autre, pour le savoir) mais qui à le mérite de s'imposer au yeux de gens de mauvaise foi qui dénigrait Van Damme avec complaisance. Il est vrai qu'un bon rôle ça aide à offrir une bonne performance d'acteur.
Le point culminant de tout ceci est le fameux monologue face caméra où l'acteur se livre sans fard. Une séquence mise en scène avec simplicité et force finissant de rendre ce moment vraiment marquant.

Je vous vois venir... Un film sincère, avec un fond pertinent et une mise en scène inspirée ça ne vaut que 6 ???
WTF ? Aurais-je perdu la tête ?
NON !
Non car l'image surexposée polluée par le filtre marron c'est tout de même un choix esthétique largement discutable, un effet gratuit que l'on subit tout le long du métrage.
Non car tout le portrait de l'acteur se noue autour du braquage d'un bureau de poste où l'acteur possède ses derniers deniers.
Et c'est là où le bas blesse, malheureusement pas qu'un peu.

Tout d'abord parce que le film n'a pas les couilles d'aller au bout du concept puisqu'on apprend, et même devine, très vite que le savateur belge n'y est pour rien. Le braquage est l'oeuvre de 3 malfrats à la petite semaine, un trio qui vient sacrément pourrir le film. Tout d'abord parce que les situations font parfois beaucoup trop exagérée pour qu'on y croit vraiment, un côté "bigger than life" qui tranche trop avec la démarche sincère entourant le personnage de JCVD. Le film a le cul entre deux chaises et se disperse dans cette histoire de braquage qui se contente de copier les cannons du genre sans apporter autre chose... à part Van Damme bien sûr.
Ensuite on a le cas Zinedine Soualem, attifé comme John Cazale dans "Un après-midi de chien" il est simplement INSUPPORTABLE. Croyant que c'est en gueulant qu'on fait "actor's studio" il plonge dans le ridicule à chacune de ses apparitions et entraine avec lui tout le film.

Ces éléments seraient négligeables si le film ne passait pas autant de temps dessus. Il faut le savoir JCVD essaye d'être, aussi, un vrai film de braquage et il faut bien reconnaitre que ce pan là du film est bel et bien raté. Ce braquage mal joué, caricatural et peu passionnant occupe bien trop de place dans le montage. Ce qui commençait comme un projet atypique se transforme, malheureusement, en hommage maladroit et envahissant à des classiques américains sans réel effort de démarcation.

Le film arrive tout de même à tirer partie de cette situation, notament lors des dialogues entre Jean-Claude Van Damme et un braqueur gauche mais fan de ses films ou lors du dénouement en deux temps vu à travers le prisme de "JCVD la star du film d'action" puis remplacé par la réalité, bien moins romantique et spectaculaire.

JCVD réussi parfaitement à brosser le portait contrarié d'une star que l'on croyait tous connaitre, transformant ainsi l'affection un poil complaisante que l'on a tous eu pour lui en véritable respect.
Quel dommage que le film se perde dans une histoire de braquage grotesque, le fait est que les deux faces du projet cohabitent assez mal.
Au final JCVD est un film qui énerve autant qu'il émeut, un incroyable potentiel gâché par une sous-intrigue dont on n'avait pas besoin.
Cependant lorsque l'on sort de JCVD c'est surtout Van Damme qu'on retient, un Van Damme touchant, sincère, beau. Un film dont les fulgurances dépassent les aléas. On peut dire que le contrat est rempli, bravo JCVD.
Vnr-Herzog
6
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le 26 sept. 2010

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