Bon alors, qui c'est qui l'a tué ?

Oliver Stone a longtemps été considéré comme un réalisateur polémique, s'en prenant à son pays, à son histoire, souvent avec talent. Jusqu'à Nixon en tout cas. Parce qu'après il s'est mis à raconter un peu tout et n'importe quoi, à croire à son propre mythe, à sa capacité à condamner, comme si tout ce qui sortait de sa bouche se mettait à devenir une véritable réflexion sur son pays et ses affres. Mais avant sa "chute" puis sa rédemption avec la "série" Untold history of the United States, il y a eu JFK.

Ce film est une œuvre à part, une espèce de "J'accuse" du cinéma. Non seulement dans l'histoire qu'il raconte, après tout le Procureur Garrison a mené son enquête et écrit son livre bien avant le film, mais également dans la recherche cinégénique de la réalité historique. Vouloir donner un sens aux évènements est une des prérogative des historiens, or ici, Stone cherche avant tout à faire de l'histoire cinématographique : mettre en lumière et à l'écran la vérité telle qu'elle a dû se dérouler selon le juriste et le cinéaste.

Et on peut dire, à défaut d'apprécier le procédé, qu'Oliver Stone parvient avec brio à retranscrire l'évolution de la compréhension des faits. La réalité est décrite tout d'abord comme étant "government approved", filmée façon reconstitution sur "History Channel", de façon très sobre et compréhensible. Puis la narration, les enquêtes et les réflexions appraissent au fur et à mesure par le biais d'une narration au montage epileptique. Le procédé a quelque chose d'épuisant, au point de ne plus être sûr de comprendre les nuances entre la réalité et le fantasme imaginé par des partisans du complot eux-mêmes avalés par le complot.

Alors malgré un style romanesque un peu trop appuyé, une vision unilatérale du personnage de Jim Garrison ou encore les classiques écueuils du film de procès, JFK happe le spectateur. A une époque où les faits n'étaient pas forcément très connus pour un public sans connaissance de l'histoire américaine, le film a eu le talent de parvenir à cumuler le classicisme du genre, le traitement original d'un fait historique marquant et la mise en forme collant au plus près de son propos.