Ca y est, vous en aviez rêvé, la télé britannique l’a fait : Voici enfin LA solution au plus grand mystère criminel de tous les temps : comment faire de l’audience tout en prenant ouvertement les téléspectateurs pour des imbéciles. Ci-dessous le mode d’emploi désormais révélé au grand public, faites-en bon usage :
D’abord, mettez des petits messages pompeux au générique comme quoi on s’est sérieusement documenté avant de faire le film, comme si ça n’allait pas de soi. Ainsi, vous donnerez l’impression d’avoir déniché ce que d’autres n’auraient absolument pas pu découvrir avant vous.
Privilégiez un format long, plus de trois heures, ce qui laissera forcément présager un chef d’œuvre ! Ainsi, vous donnerez l’illusion de tout montrer, et que l’on a bien épuisé toutes les pistes. Alors que dans la réalité, il avait une bonne centaine de suspects, même en dix heures vous n’y arriveriez pas...
Il faudra donc être quand même sélectif alors ne retenez que les personnages les plus accrocheurs : le médecin de la reine pour faire croire à un complot, un acteur qui joue Jekyll se transformant en Hyde avec des effets spéciaux récents, un voyant qui prédit les meurtres de façon cryptée et sans se tromper... C’aurait été tellement bien s’il y avait pu y avoir une prostituée unijambiste transsexuelle psychotique ou un boucher indien juif devenu végétarien mais n’exagérez pas non plus, on n’est pas dans une production Ryan Murphy.
Travaillez bien les décors et les costumes pour faire croire à l’authenticité, mais pas la peine de prendre un réalisateur très talentueux, les gens n’y connaissent rien en mouvements de caméras et vous allez vous encombrer d’une forte tête.
N’oubliez pas de rester manichéen et hollywoodien. Les prostituées doivent être un minimum belles et bien habillées et non dépeintes comme les épaves qu’elles étaient. Les héros ne doivent pas avoir trop de défauts, Abberline surmontera son alcoolisme et restera fidèle à ses valeurs, son adjoint gagnera tout seul une bagarre à plusieurs...
Surtout n’hésitez pas à laisser transparaitre vos idées politiques de façon subtile, après tout c’est votre film, vous avez tous les droits ! En l’occurrence, prenez l’agitateur George Lusk, faites de lui un enragé qui fait peur (ce qui est faux) et attribuez-lui des idées politiques que vous n’appréciez pas qui n’étaient pas les siennes.
Voilà en résumé ce qu’il a à savoir.
Cependant, si vous avez l’idée incongrue d’interpréter le film au premier degré, on lui retiendra quand même des qualités indéniables en faisant abstraction de la grosse déception (déception au sens français comme au sens anglais...).