"N'oubliez jamais que, durant un bref, glorieux instant, il y a eu un Camelot"

Quel est le pire ? Mourir ou vivre après la mort des êtres chers ?
Si l'on opte pour la seconde réponse, reste l'héritage. Non pas ce que l'on reçoit, ce que l'on a reçu mais ce que l'on veut faire survivre.


Jackie qui s'offre intégralement à cette réflexion est moins l'autoportrait de Jackie Kennedy qu'une approche de celui de son légendaire mari. Jackie, elle, en est le peintre malhabile, en proie au doute, qui tente de le restituer dans toute son authenticité et toute sa grandeur.


Plus qu'une réelle reconstitution historique, et ce, bien que la reconstitution soit admirable, c'est une réflexion universelle sur le deuil et sur l'image que l'on veut laisser non pas de soi mais de l'être que l'on pleure.
On le grandit, on le compare aux aïeuls les plus illustres. On fait le bilan de son existence. On cherche à comprendre le sens de sa vie et de sa mort. Et, à travers cette démarche, c'est un sens à sa vie sans lui que l'on cherche vraiment.


Renouant avec le genre des mémoires à portée universelle, ce joli petit film, produit par le réalisateur de Black Swan et porté par son actrice principale, est un bel hommage à JFK, à sa femme, alternant une interview, les événements succédant à l'assassinat de 1963 et une confession avec un prêtre. Une conjugaison des temps admirable où Natalie Portman tisse, bien entourée d'un Richard E Grant ( discret, d'un Peter Sarsgaard (Flight plan) convaincant, d'un Billy Crudup (Big Fish) tout en finesse et d'un John Hurt (Harry Potter) magistral, un beau tête à tête entre le spectateur et la femme historique et intime pour penser le deuil, repenser la vie.
Péchant par sa longueur, il ravit par sa beauté esthétique, parfois kubrickienne, et par son étonnante musique qui déraille comme un film d'épouvante avant de se fondre dans la mélancolie, une belle harmonie imitative des étapes du deuil.


Ce n'est pas l'être qui compte, c'est son héritage, ses idées et le combat que mènent ses proches pour le faire survivre à travers eux. Pour JFK, nous dit-on, c'est l'une des versions du Roi Arthur, de son idéal et de Camelot.

Frenhofer
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le 2 mai 2019

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Frenhofer

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