I can remember. I can remember everything.

Un biopic à Oscar plutôt classique dans l’ensemble. Bon, contrairement à pas mal d’autres équivalents, il ne révèle pas grand-chose de nouveau sur l’évènement en question : si on est déjà plus ou moins intéressé par la mort de JFK et si on a vu les documentaires et/ou séries et/ou films dessus, on ne découvrira pas de nouvelle vérité. Non, au contraire, le film se contente de nous conter comment le destin d’une femme a été brisé un jour de novembre 1963, et comment son monde s’est écroulé. Le film reprend ainsi le rôle que Jackie a joué après l’évènement tragique et traumatisant de Dallas, appuyant bien sur le fait que c’était une femme brisée (sa confession finale est terriblement glaçante) et qui a pris des décisions sans forcément avec le recul qu’on attendait d’elle.


Et ce n’est pas surprenant, le film jouant également sur le fait que le couple Kennedy a pratiquement était iconisé par le peuple Américain alors que ce n’étaient que des humains normaux, comme nous tous. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le moment où Bobby se demande ce que l’Histoire va retenir de Kennedy, et c’est vrai ! Au final, la présidence de Kennedy est souvent critiquée, au profit de Johnson qui a pu concrétiser ce qui avait été entrepris et faire les réformes. Mais au final, Kennedy reste un des présidents les plus appréciés de l’Histoire des États-Unis, parce qu’il était devenu un icône et que son assassinat et ce qui en a suivi en a fait une légende.


Et Jackie l’a très bien compris et repose entièrement là-dessus. Ce qui d’une part peut le rendre lassant, voire inutile par certains aspects ; mais d’un autre côté, c’est grâce à ça qu’il fonctionne complètement, en se concentrant sur ces quelques jours de Jackie, avec cette mise en abîme comme quand on raconte une histoire à ses enfants (ce qui prend tout son sens lorsque le personnage du journaliste déclare que les Kennedy étaient comme les parents de l’Amérique). Du coup un film plutôt intelligent dans sa façon d’aborder le sujet.


Bon, après, on ne va pas se mentir, il y a cette sensation constante où le film n’est qu’un prétexte pour donner une nomination à Natalie Portman. Qu’elle ne vole pas, aucunement. Il s’agit de ces prestations où, sans verser dans l’imitation pure et simple, un acteur ou une actrice réussit à habiter et devenir le personnage, faisant oublier qui se trouve derrière. Et Portman réussit admirablement : elle n’est pas Portman, elle est Jackie. Et pas dans l’imitation, mais en lui donnant réellement vie.


Dans le changement de ton de la voix dans les différentes scènes du film en fonction de la situation, mais aussi en changeant sa propre voix qu’on reconnait à peine. Dans la posture et l’attitude, qui fait oublier l’actrice et donne complètement vie au personnage. Ce n’est pas Jackie, mais on a du mal à reconnaître Portman ; ce qui donne naissance à un personnage à part entière. C’est le succès du film.


Le reste du casting est plutôt écrasé par la performance de Portman, et Peter Sarsgaard ne réussit pas vraiment à convaincre dans son rôle (même s’il fait très bien le regard complètement perdu). Techniquement, le film tient la route. Je n’ai pas été un grand fan de la musique, mais elle participe à créer une ambiance en accord avec le reste. Idem pour la mise en scène, plutôt classique mais efficace. J’ai notamment apprécié le format étroit de l’image ainsi que la saturation des couleurs à certains moments, pour renforcer l’aspect document d’archive. Les décors seront somptueux en revanche, nous faisant visiter la Maison Blanche comme si on y était (ce qui n’est pas anodin vu le fil conducteur). Un grand bravo aux équipes de la Cité du Cinéma pour ce travail digne des plus grand biopic d’époques Hollywoodiens.


Bref, Jackie n’est pas un biopic fantastique en soit, mais il aborde son thème de façon plutôt intéressante et offre à Natalie Portman une de ses plus grandes prestations. Si vous cherchez à apprendre quelque chose, n’allez pas voir ce film, vous serez sans doute déçus. Allez-y plutôt pour sa démarche d'approche.

vive_le_ciné
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le 1 févr. 2017

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