La réussite de Jackie tient au fait que Larrain, dont je découvre ici le travail, filme son personnage au plus près, et son actrice - absolument sublime, son meilleur rôle, il n'y avait qu'elle pour ce rôle, c'est une évidence dès qu'elle apparait -, avec. Ce n'est donc pas un film sur l'affaire Kennedy, c'est un film sur une semaine de la vie de Jackie, et pas n'importe quelle semaine puisque elle va de l'assassinat de Dallas jusqu'à l'enterrement de JFK. Contrepoint parfait du chef-d'oeuvre d'Oliver Stone, Jackie est donc un film sur le deuil, le deuil profond et vivace, et c'est donc un film complètement mortifère, totalement hagard, qui rend le spectateur groggy et incertain. Outre le fait que la reconstitution de l'époque, et sans tomber dans la muséographie, est absolument parfaite (me rappelant celle de Haynes pour Carol), Jackie est un film totalement déstabilisant, chancelant, parce qu'il parvient à transposer le spectateur dans un univers qui n'est pas le sien comme si c'était le sien, mais la transposition est immédiate, brute, sans préparatifs, et ce côté brutal correspond magnifiquement avec la violence de l'assassinat et de la semaine que vit le personnage et qui nous est ici montrée.