22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme
Bien peu de temps après la sortie de Neruda, Pablo Larraín persiste et signe ici son intérêt pour le Biopic. C’est là un genre qui, de façon inhérente, est condamné à la platitude scénaristique s’il se veut fidèle. Le metteur en scène avait noblement relevé le défi dans son film sur le poète chilien. En inventant une histoire dans l’Histoire, il prend le contrepied des limites du genre. Pourtant…
Pourtant, Jackie nous désenchante.
Sur la forme, ce sont d’incessants allées et venues dans le temps. On suit le deuil de la First Lady et comment il évolue, peu après les faits. Passe encore : on aura vu plus novateur, mais c’est un moyen toujours efficace de faire du cinéma. A noter que Natalie Portman incarne la dignité du personnage, forcée par les événements, de façon remarquable.
Sur le fond… bien peu de choses. C’est 1h40 pendant laquelle on vous hurle à chaque plan « Cette femme est torturée et ambivalente », à l’image de ses choix de cérémonie sur lesquels elle rétrograde en emmerdant la terre entière au passage, y compris ce bon vieux Général De Gaulle. Un cruel manque de subtilité, si ce n’était pour l’interprétation de notre juive new-yorkaise préférée. Jackie Kennedy est courageuse mais nerve-wracked; droite mais accablée… fort bien.
Devant Jackie, on s’ennuie. Le film prend des largeurs et s’y perd copieusement. C’est trop de moments pendant lesquels rien ne capture notre intérêt. L’esthétique, qui balance entre mansuétude et rudesse comme l’un de ces automnes versatiles dont la France a le secret, bouscule mais ne suffit pas à rattraper le constat. Sans tomber dans le misérabilisme, le film fait tout de même preuve d’un soupçon de complaisance.