Le 22 novembre 1963, John Fitzgerald Kennedy est assassiné au Texas. Jackie conte les 3 jours qui suivirent le drame vécus par Jackie Kennedy.
Pablo Larrain réussit le coup de génie de faire le portrait d'une icône mondiale sans tomber dans les recettes éculées du biopic. Dès le premier plan, on pressent que dans sa forme le film aura du caractère. L'atmosphère d'angoisse et de cauchemar éveillé est plantée. Ce ton ne quittera jamais le film. Appuyé par la musique ensorcelante et mortuaire de Mica Levi, servi par une image léchée un peu froide bien loin de celle du papier glacée que l'on pouvait craindre, mélangeant les images d'archives reconstituées et celles de pure fiction, fuyant la banale chronologie, la mise en forme du récit est d'une grande maîtrise. Tout en semblant parfois le brouiller, le découpage éclaire au final un peu plus le portrait qu'il dessine, celui d'une Jackie Kennedy (interprétée par une Nathalie Portman bluffante) terriblement seule, tétanisée par le chagrin d'être veuve d'un homme dont elle est encore éprise mais qui l'a mal aimée, bouleversée d'être la mère de deux très jeunes orphelins, blessée de n'être plus qu'une ex-première dame, mais résolument forte face à la brutalité du protocole de succession, intransigeante dans sa volonté de rendre le juste hommage au grand homme que le pays vient de perdre et soucieuse de montrer au monde son immense chagrin et la somme de ses malheurs. Le film est ainsi remarquable et on se laisse porter par ses partis pris artistiques et narratifs audacieux. On note bien que la mécanique s'essouffle un peu en fin de parcours où le film perd un peu de sa superbe. Mais, il demeure une très belle et grande proposition artistique.