JACKY AU ROYAUME DES FILLES – 11/20
Une bonne idée ne fait pas forcément un bon film. Jacky est en la malheureuse illustration. Riad Sattouf a visiblement été dépassé par l’ambition avec laquelle il a abordé le successeur du formidable Les Beaux Gosses.
Sorte d’ofni (objet filmique non identifié) déroutant, Jacky intrigue et amuse pourtant dans sa phase d’exposition, en présentant l’étonnante République démocratique et populaire de bubulle et son langage si singulier. Alors pourquoi ça ne prend pas ? Parce que Sattouf se prend les pieds dans le tapis avec les thèmes très forts que son film veut traiter. Le totalitarisme, le féminisme (ici l’hommisme donc), sont clairement sous-jacents, mais jamais traités frontalement, ou très maladroitement. On ne voit finalement pas vraiment où le réalisateur veut en venir. Quelques très bonnes idées sont trop vite abandonnées et pas assez approfondies. Surtout, un manque de rythme flagrant plombe considérablement le film, les ressorts comiques et dramatiques sont laborieux et l’intrigue avance avec peine, comme si le scénario ne savait pas comment mettre en relation l’histoire de Jacky avec les messages qu’il veut faire passer. Forcément, malgré des dialogues parfois bien sentis, l’humour en pâtit, d’autant plus que la réalisation est aussi poussive, comme dépassée par son (ses) sujet(s). Heureusement, on peut savourer les performances d’un casting au poil, mené par le génial Vincent Lacoste. Anémone, Bourdon, Gainsbourg : oui oui oui.
Jacky au Royaume des filles, réinterprétation barrée de Cendrillon, manque donc sa cible et échoue dans sa tentative de se poser en fable satirico-philosophique moderne. Dommage.