Les Vagues de l'insignifiance !

Si je n'avais pas la prétention d'écrire une critique avec une longueur de genre deux-trois paragraphes grand minimum, j'aurais pu juste mettre pour ce téléfilm Ghibli : complètement insignifiant.

Je peux entendre l'océan est, en effet, complètement insignifiant. Tout est résumé ici par ces deux mots. Il se regarde facilement et s'oublie encore plus facilement. Mais, bon, il faut peut-être dire pourquoi c'est complètement insignifiant au lieu de tourner autour du pot avec des adverbes contenant le suffixe "-ment".

Il est complètement insignifiant déjà en ce qui concerne l'animation. Rien de choquant. C'est correct, à part les visages des personnages qui sont quasi inexistants lors de certaines scènes en plan d'ensemble. Mais quand on compare au meilleur dont est capable le Studio Ghibli, c'est d'une très grande fadeur.

Mais cela pourrait passer si les très gros problèmes ici ne se basaient pas surtout sur les personnages et l'histoire, eux aussi complètement insignifiants. En fait, pour être juste, c'est surtout la manière dont ils sont racontés qui fait arriver à ce piteux résultat.

D'accord, on prend le point de vue d'un jeune adolescent. D'accord, on va suivre ce point de vue du début jusqu'à la fin. Pourquoi pas ? Mais il y a plusieurs faiblesses qui vont être la conséquence de ce choix de narration.

On est censé avoir une espèce de triangle amoureux, où le protagoniste entretient une amitié avec son rival ; rivalité pour le cœur d'une jeune fille. Situation paradoxale, inconfortable, qui aurait pu donner quelque chose d'intéressant et de profond si cela avait été bien exploité. Mais voilà, le rival amical ne va pas apparaître que trop rarement et d'une façon beaucoup trop sporadique pour bien s'ancrer dans l'intrigue. Ce personnage aurait pu ne pas être intégré à l'ensemble que ça n'aurait absolument rien changé.

D'ailleurs, au passage, j'en profite pour signaler que les personnages secondaires, même les membres de la famille du protagoniste (vous savez le genre qui aide à donner à de la consistance à un personnage principal et au monde dans lequel il vit ; en gros, à l'œuvre toute entière !), sont aux abonnés absents.

Pour l'objet de la flamme amoureuse lui-même, on ne le voit que quand le personnage principal le voit. OK, très bien, logique, mais je me demande comment le spectateur est censé s'attacher à cette personne, car à chaque fois qu'elle apparaît, elle est agaçante au possible. La relation entre elle et celui ou celle qui regarde le téléfilm aurait pu peut-être fonctionner si ce dernier ou cette dernière avait pu la voir dans son intimité, vulnérable, en contact seule avec ses proches, ses quelques ami(e)s, dans son véritable train-train quotidien. Mais parce que choix narratif... bref... on a une tête à claques casse-couilles.

Et le protagoniste, me direz-vous ? Ben, il est tellement transparent, il est tellement mal défini, il manque à tel point de personnalité que je n'ai pas eu envie particulièrement de le suivre, d'être en empathie avec lui. Franchement, je n'en ai rien eu à foutre de lui.

Pour l'histoire ? Ben, qui dit mauvais personnages (ou du moins mal mis en valeur !) dit forcément mauvaise histoire ! Oui, je sais qu'il y a un sujet fort, à savoir le passage de l'adolescence à l'âge adulte, mais un sujet fort raconté d'une mauvaise manière n'a plus de force.

Comment voulez-vous que cela ne soit pas autre chose que "complètement insignifiant" ?