Vous ne pouvez pas tricher avec la montagne, pèlerin.
Qu'il est bon de recevoir une leçon de vie dans un cadre si enchanteur, au travers d'une narration si poétique et réalisée avec autant de classe. Jeremiah fuit la civilisation et les villes, il fuit notamment une guerre, un conflit qu'il doit trouver inutile et fou. Il souhaite s'isoler et vivre une vie simple d'homme des montagnes. Fort, bon et déterminé, Jeremiah réussit à devenir le parfait trappeur, surmontant toutes les épreuves et multiplie les rencontres amicales. Contre toute attentes, il construit une maison, et fonde une famille alors qu'il s'engageait dans sur une voie solitaire.
Mais les montagnes n’appartiennent à personne, et même si il apprécie cette vie, il s'y est engagé pour de mauvaises raisons. Ainsi quand les montagnes lui reprennent ce qu'il a appris à aimer, il se retrouve à se battre et fuir comme un animal, comme au commencement. Les hommes sont les même en haut qu'en bas des montagnes et il devra apprendre qu'il doit lui aussi changer sa nature, bien plus que d'environnement.
Ce qui est appréciable c'est que ce message est en second plan, dissimulé derrière des situations que Jeremiah surmonte avec bon sens. Ainsi lorsqu'il commet des erreurs, elles semblent être justifiées, voir pardonnables, et ce sont certaines musiques, qui sont chantées, qui permettent de bien comprendre. Cette voie off musicale, n'est pas sans rappeler celle d'un conteur d'une de ces histoires d'aventures avec une morale à la fin, que nous lisons aux enfants. Cependant cette leçon est dure, voir cruelle.
C'est ce que je trouve de remarquable dans ce film, cette façon très poétique de raconter une histoire très réaliste. J'imagine qu'un enfant peut être charmé et émerveillé par l'aventure et découvrir au passage la juste dureté de la vie sauvage.
La narration bien pensée jusqu'au bout, permet même à Jeremiah un voyage allez-retour, où il recroise tout les protagonistes, un à un, afin d'avoir un retour d'expériences.
Le film nous donne l’occasion de découvrir certains mœurs des tribus indiennes, des techniques de chasses, la construction d'une maison de trappeur et bien d'autres choses intéressantes.
Les images sont superbes, tournées quasiment intégralement dans les régions sauvages de l'Utah, avec de nombreux animaux sauvages et de magnifiques musiques.
Quand aux acteurs, ils incarnent parfaitement une série de personnages très attachants.
La fin du film peut sembler un peu rapide, même si elle conclue magnifiquement le propos.
Vous l'aurez compris, ici pas de mélodrame, pas de propos écologique niais, pas de « monde pourri, retournons tous à la vie sauvage », pas de héros qui commet de grossières erreurs pour forcer la remise en question. Seulement une histoire authentique, poétique, un peu mélancolique, et intelligente. Et ça fait du bien.