Love the Beast

Même les contes de fées cachent un aspect sombre. Derrière les plus belles histoires d’amour qui ont fait le succès des contes les plus populaires, chaque protagoniste dissimule une part de doute et de violence. Michael Pearce l’a bien compris.
Son héroïne, Moll (Jessie Buckley), vit dans l’ombre et sous le joug d’une famille qui la domine et la dirige, ne lui laissant que peu de place. Lorsqu’elle rencontre Pascal (Johnny Flynn), aussi mystérieux qu’emprunt de liberté, qui l’encourage à s’émanciper, le coup de foudre est total. Ils ne se quittent plus, au détriment de la famille de Moll qui la renie et la rejette, déplorant son manque de prudence vis-à-vis du jeune homme dont on sait peu de chose : aurait-il un lien avec la série de meurtres dont beaucoup l’accusent sur l’île ?

Derrière la beauté de Jersey et les figures rassurantes des protagonistes, on devine rapidement la valeur psychologique du premier film de Michael Pearce qui mêle à la fois romance et intrigue policière. L’imagerie de Twin Peaks (David Lynch) et de Top of The Lake (Jane Campion) n’est jamais loin… Comme dans ces deux séries, Jersey Affair montre des personnages modèles qui vont laisser libérer peu à peu leurs démons, leur fragilité et leur complexité. Qui est le monstre, où est l’humain dans chacun de ces héros anti-manichéens ? Michael Pearce réussit et s’amuse à manipuler le spectateur et le mène vers des fausses pistes jusqu’au dénouement, libératoire et visuellement magnifique. Dérangeant et déroutant, Jersey Affair séduira les amateurs de puzzle et d’intrigues psychologiques.