Vous ne sortirez pas vivant de cette île

Avec Jurassic Park, Steven Spielberg ramenait à la vie une espèce disparue depuis des millions d’années. Succès planétaire pour ce premier opus qui engendra deux autres petits : Le monde perdu sorti en 1997, et Jurassic Park 3 sorti quatre ans après. Le monde perdu était moins extraordinaire que son prédécesseur et manquait de magie. A priori, sans Spielberg à la réalisation, Jurassic Park 3 n’allait rien apporter de palpitant lui non plus et ce, malgré le retour de Sam Neil en tête d’affiche. Et s’il était finalement bien plus amusant que son prédécesseur ? Si vous le voulez bien, on reprend notre sac à dos, prenons notre courage à deux mains, puis repartons sur l’isla Sorna…

Un survival plaisant à regarder

Et de trois pour la franchise préférée des fans de dinosaures et de cinéma. Après cette petite déception qu’avait été Le monde perdu, on espérait que la saga remontera la pente avec ce Jurassic Park 3. En vue du retour d’Alan Grant, on avait bon espoir et ce, même si Spielberg n’officiait plus en tant que réalisateur. Comme pour la production chaotique de Robocop 2, Jurassic Park 3 en pâtira lui aussi. Multiples réécritures du scénario, plusieurs accidents pendant le tournage, sorti trop tôt au cinéma, pressions des studios Universal sur le réalisateur, etc. Tout ça aura des conséquences sur le produit final. La plus lourde des conséquences reviendra au scénario qui en prendra plein la figure. Et il n’y aura pas que ça.

Il est vrai que l’intrigue de Jurassic Park 3 est simpliste au possible et pas très recherchée (le prétexte du retour sur l’isla Sorna est bidon), qu’il s’oriente plus vers l’action que vers la réflexion scientifique, qu’il y a peu de protagonistes, quelques clichés, de l’humour parsemé qui passe parfois et d’autres fois non, et un Alan Grant plus cynique et un poil effacé comparé à Jurassic Park (son évolution est aussi logique que celle de Ian Malcolm dans Le monde perdu). Pourtant, aussi étrange que ça puisse paraitre, ce film sait dans quelle direction aller contrairement au Monde perdu qui donnait l’impression de voir deux films en un, et il remplit aussi parfaitement le cahier des charges du film d’aventure avec des dinosaures. Plus soft, moins dans la surenchère en terme de scènes d’action bien que le spectacle soit présent, ambiance semi-glauque tout en continuant à opter pour un film familial. Je suis conscient que ce troisième opus a des défauts mais je l’apprécie, il fait partie de mon adolescence et ça fait toujours plaisir de revoir un Jurassic Park. Ca c’est la nostalgie du cinéphile qui vous parle.

Les pires choses inimaginables ont souvent été faites avec les
meilleures intentions. Tu ne vaux pas mieux que les personnes qui ont
bâties ce parc !

Fans de la franchise : soyez indulgents !

Pour beaucoup de fan, ce film est considéré comme le moins bon de la trilogie. Et on peu les comprendre. Entre une Tea Leoni insupportable du début jusqu’à la fin du film, les autres personnages stupides à souhait (peut-on faire pire que Nick embarquant dans sa caravane un bébé T-rex ?), des soucis d’éclairages lors de certaines séquences, la durée bien trop courte du long métrage, des effets spéciaux pas toujours beaux donnant l’impression de voir une série B, et un combat entre le T-Rex et un Spinosaure se soldant d’une manière inattendue, c’est vrai qu’il y a de quoi se ronger les ongles.

Et pourtant, pour ma part, je le trouve bien meilleur que Le monde perdu pour la bonne et simple raison que j’ai retrouvé un peu du charme du premier Jurassic Park, que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, et que j’ai pu découvrir de nouvelles choses :
• Le retour du thème musical original (comment j’étais heureux de le retrouver ce thème),
• Retour de Sam Neill et Laura Dern (qu’on voit que trop peu mais c’est mieux que rien),
• Références aux films précédents,
• Nouvelle variété de dinosaures (Spinosaure, cératosaure, ankylosaure, corythosaure),
• Les ptérodactiles enfin à l’œuvre,
• Alan Grant enfilant son chapeau comme Indiana Jones,
• Les raptors coiffés d’une petite crête et communiquant entre eux,
• Décors fantastiques dignes d’une attraction,
• Retour de scènes contemplatives (la scène de la rive en bateau m’a fait un de ses effets), de tension, d’horreur, de VRAIES scènes catastrophe plus crédibles que « la scène de la caravane dans Le monde perdu »,
• Ca continue de trifouiller dans du popo de dinosaure,
• Des scènes intenses et mémorables (Grant encerclé par des raptors, la scène de l’attaque de la volière).

Maintenant les points négatifs qui fâchent :
• Joe Johnston prenant la place de Spielberg à la réalisation (Johnston n’a pas le talent de Spielberg, forcément, du point de vue mise en scène, ça sera différent),
• Absence de message moralisateur,
• Un Alan Grant acceptant de retourner sur une ile peuplée de dinosaures (d’où l’incohérence et contradiction de cette réplique "Aucune force sur cette terre ne me fera jamais aller sur cette île",
• Plus d’aspect scientifique (alors qu’on retrouve un laboratoire d’InGen avec des couveuses artificielles),
• Pas de découvertes importantes sur les travaux d’InGen,
• Pas assez de morts,
• L’inconscience et la bêtise des Kirby (dont on se tamponne royalement de leur histoire) ne sachant visiblement pas qu’ils se trouvent sur une ile peuplée de dinosaures carnivores (gueuler dans la jungle, je m’incline),
• Le Spinosaure remplaçant LA figure emblématique de la franchise qu’est le T-rex,
• Le scénario n’apporte RIEN à la saga,
• Certains dinosaures paraissent colorés (un carnaval de prévu sur la isla Sorna?),
• Ce couple mythique qu’était Alan et Ellie c’est séparé (ça fait très trèèèèès mal),
• Certaines séquences humoristiques passent mal (Alan faisant un cauchemar dans l’avion partant pour l’isla Sorna).

Au final Jurassic Park 3 c’est TOUT ce qui manquait au Monde Perdu. L’angoisse, le visuel à la fois sombre et coloré, la magie, cette sensation d’évoluer dans une attraction grandeur nature avec de vrais dangers, des personnages développés à défauts d’êtres attachants pour certains, du plan contemplatif, le thème musical propre à la franchise, des scènes de catastrophes où l’on a peur pour nos héros, de l’horreur, des dinos effrayants, tous ces éléments font un retour remarqués et remarquable. 1h35 de fun, 1h35 où l’on retrouve tout ce qui a faisait le charme de Jurassic Park 1. Par contre, 30 minutes de moins que les autres films, scénario quasi inexistant, quelques fx ratés, et une Tea Leoni qui nous explose les tympans avec ces hurlements, on aurait pu éviter.