Eh ben, tu sais ce qu'on dit, même les choses grosses et laides peuvent avoir de beaux enfants…
Dans la vie, il y a les films qu'on peut trouver en 480p en VF paumés au milieu de Youtube. Ce sont des films de requins mutants numériques qui attaquent des paires de boobs isolées du monde. Ce sont des films où d'autres personnages viennent tenter de rallonger le film, qui a du mal à dépasser une seule heure, avec un scénario improbable et des paires de boobs. Ce sont des films où les effets spéciaux, non contents de n'être que des effets spéciaux pour des films qui sont censés montrer des monstres, sont mémorables. Ce sont des films où les titres sont très subtils et peuvent être créés en cinq secondes en additionnant le nom d'un animal et un adjectif qui évoque un bon film. Ce sont des films dont les rares lignes de dialogue osent citer explicitement les films qu'ils insultent, en tuant un requin " façon Les dents de la mer ". Ce sont des films où les paires de boobs, qu'elles soient gentilles ou méchantes, survivent où une explosion numérique alors qu'elles sont à un mètre et que le requin numérique n'y survit pas. Ce sont des films où les requins volent et mangent les gens à partir du tronc. Ouais. Bon. Voilà.
Regardez, je vous en prie. Regardez, c'est mémorable. Vous verrez peut-être un nanar, mais vous verrez surtout un film improbable, sorti de nulle part, au destin plus triste qu'autre chose, qui ne donne plus envie de rire quand on pense une seconde à ce qui a pu passer par la tête des producteurs (en fait il n'y a pas de réalisateur, je crois que ces films sont juste réalisés par des marketeux, ça explique des choses). Ça rend triste, parce que la médiocrité attire automatiquement la pitié ; pour les créateurs, pour le film, pour les spectateurs qui tombent dessus, parfois, peut-être innocemment. Ça rend triste, parce que tout le monde meurt, mais la mort n'est pas traitée, la mort est gratuite, la mort est banalisée au plus haut point, sans que cette banalisation n'ait un quelconque sens, comme dans par exemple des vrais films de guerre, où la mort est filmée avec soin, souci, au milieu d'anonymes et de corps qu'on ne connaît pas. Ces films sont l'illustration totale de la gratuité. C'est peut-être le seul sens qu'ils ont. Regardez au moins la fin. Écoutez au moins la toute dernière réplique. Pour le bien de l'humanité. Du moins ce qu'il en reste.
http://www.youtube.com/watch?v=Q4D3VHe-seE