Succéder à Jurassic Park est une tâche impossible. Autant chercher un nouvel acteur pour Indiana Jones ou faire une suite à Retour vers le Futur. Le film de Steven Spielberg sorti en 1993 a marqué plus que sa génération. Pour beaucoup, il s’agit du premier film qu’ils ont vu au cinéma. Pour d’autres, c’est une avancée colossale en matière d’images de synthèses. Et pour tous, c’est une grande aventure inégalée maitrisée aussi bien par son réalisateur que par le compositeur de sa bande originale. Deux suites ont quand même vu le jour et même Spielberg lui-même s’y est cassé les dents, ne parvenant pas à retrouver la fougue de son premier opus.


Arrive maintenant Jurassic World, porté par un réalisateur qui n’a qu’un petit passif, un nouveau casting et la volonté manifeste d’un studio de prolonger sa lucrative franchise. On n’en attendait strictement rien mais ce quatrième volet ne peut s’empêcher d’être une bonne surprise. A défaut d’être un chef d’oeuvre, c’est au moins un solide divertissement.


Prenez le scénario du premier film, à savoir les enfants du directeur du parc en visite, quelques embuches, un peu de recherche scientifique et un environnement qui part en sucette avec des dinosaures géants qui bouffent des gens et vous aurez une idée de ce que raconte Jurassic World. A ceci près que les enfants sont cette fois les neveux de la directrice et … que le parc est ouvert. Comme nous sommes à l’ère du blockbuster 2010, il faut ajouter un héros charismatique (Chris Pratt, parfait pour ça) préférant la nature au profit, un méchant de chez InGen (Vincent « Le Caïd » d’Onofrio) et un coté « bigger, louder, stronger » procuré par le fait que le parc soit justement ouvert.


Jurassic World, contrairement aux deux précédents volets, ressemble donc à son ainé. Dans les grandes lignes seulement puisqu’il n’est pas sans défauts d’écriture. Et même si Colin Trevorrow fait un boulot honorable de mise en scène, il n’est pas Spielberg. Il est donc obligé de nous proposer une très (trop) longue mise en place de l’intrigue pour bien tout nous expliquer par des tunnels de dialogue quand un Steven se contente de quelques superbes scènes et de faire passer son message par l’image. Il n’y a pourtant pas tant de choses à expliquer mais il est manifestement important pour le réalisateur d’en donner le détail : la menace est donc un dinosaure hybride, créé génétiquement pour satisfaire les investisseurs.


Cette nouvelle création est dans la lignée de ce qui avait été mis en place. Tant qu’à jouer avec les chromosomes des dinosaures, pourquoi ne pas en faire plus ? De la même manière, tous les passages évoquant des raptors « domestiqués » fonctionnent correctement. Il n’est en effet pas question d’une armée de dinosaures répondant aux ordres du personnage de Chris Pratt, c’est plus subtil que ça et bien ammené. Après tout, la domestication animale a toujours existé alors pourquoi ne pas continuer sur des dinos, d’autant qu’il y avait déjà eu une tentative (très maladroite, certes) dans le film de Joe Johnston ?


Le film n’est pas sans défaut de scénario comme évoqué plus haut. Les enfants ne sont vraiment là que pour justifier l’esprit des précédents volets et le personnage de Vincent d’Onofrio -surtout présent pour introduire une suite potentielle- pourrait être totalement coupé au montage qu’on en sentirait pas la différence.


Néanmoins ce nouveau Parc Jurassique ne peut s’empêcher d’être bon une fois que les dinosaures sont lachés dans le parc. Chris Pratt et sa comparse Bryce Dallas Howard forment un duo efficace et les différentes scènes d’action impliquant des dinosaures tiennent la route. Le dernier acte, quand les créatures atteignent les parties de l’ile peuplée de visiteurs est particulièrement haletant et ponctué de surprises bien trouvées, et parfaitement cohérente avec ce que l’univers avait déjà proposé jusque là. Ajoutez à cela le boulot d’un Michael Giacchino particulièrement en forme et vous aurez de quoi passer deux bonnes heures.


Succéder à Jurassic Park est une tâche impossible et ce nouveau volet ne lui parvient même pas à la cheville. Néanmoins, Colin Trevorrow parvient à faire mieux que Joe Johnston et n’a pas la prétention de vouloir rivaliser avec le Maitre Steven Spielberg. Même si son film a les défauts typiques d’un blockbuster des années 2010 il se regarde avec un certain plaisir. Le même qui vous fait kiffer un Fast and Furious ou un Gardiens de la Galaxie, ce qui n’est déjà pas si mal.

cloneweb
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films 2015 et Tous les films vus

Créée

le 9 juin 2015

Critique lue 937 fois

12 j'aime

3 commentaires

cloneweb

Écrit par

Critique lue 937 fois

12
3

D'autres avis sur Jurassic World

Jurassic World
Matrick82
6

De l'art de poser délicatement ses couilles sur la table en passant néanmoins pour un gros cochon...

Vous vous souvenez de cette période (il y a un an ou deux) ou on apprenait avec horreur que le film comportait une bande de vélociraptors dressés, aidant à lutter contre un vilain dinosaure...

le 10 juin 2015

141 j'aime

35

Jurassic World
Sergent_Pepper
3

Les arcanes du blockbuster, chapitre 19

[Mes excuses préalables à Zombiraptor pour les nombreuses approximations scientifiques dans la dénomination des animaux des temps anciens] Sur la table en acajou, une pile de livres remplace la...

le 3 oct. 2015

114 j'aime

7

Jurassic World
JimBo_Lebowski
3

Monstre froid

Attention cette critique contient des spoilers : Voilà, comme ça au moins je pourrais dire que j’ai vu tous les Jurassic Park au cinoche, le premier reste pour moi un souvenir impérissable qui à 8...

le 12 juin 2015

89 j'aime

9

Du même critique

Die Hard : Belle journée pour mourir
cloneweb
2

Critique de Die Hard : Belle journée pour mourir par cloneweb

On ne va pas y aller par quatre chemins : Piège de Cristal, sorti en 1988, a inventé le film d’action des années 90. Bruce Willis lui doit sa carrière post-Clair de Lune et nous une tripotée de...

le 15 févr. 2013

168 j'aime

24

Prometheus
cloneweb
5

Critique de Prometheus par cloneweb

Ridley Scott est un réalisateur adulé mais pourtant, en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il a quand même une carrière en dents de scie à tendance plongeante. Les premiers longs-métrages...

le 28 mai 2012

86 j'aime

20

Raiponce
cloneweb
8

Critique de Raiponce par cloneweb

Évoquée dans le documentaire « Waking Sleeping Beauty », les studios Disney ont eu une période fastueuse jusqu'à la fin des années 90. L'entrée dans les années 2000 s'est fait plus douloureusement...

le 9 nov. 2010

83 j'aime

3