J'aurais aimé ne pas participer à la tendance en bashant Jurassic World, mais quelque part, quand un film est planté, c'est planté. J'avoue avoir aimé un paquet d'idées et de bouts de scènes à droite à gauche, agréables comme dans un nanar, mais il aura fallu les déconnecté du gros point noir du film. Parce que merde, c'est de Jurassic PARK qu'on parle dans Jurassic World, et pas en bien.
Jurassic World, en plus de n'avoir que peu de raison d'être (j'y reviendrais), est gâché pour une principale raison : personne n'a réalisé ce film.
Quatre scénaristes sont partis dans tous les sens, personne n'a penser à réaliser ou à donner une cohérence au tout. On va dire "ceux qui ont fait ça" pour symboliser les têtes pensantes en charge du projet - pas motivée par l'envie de faire un film réussi en tout cas. En préambule de la présentation de cet échec, partons du principe que c'est une énième suite d'une des plus grosses franchises du cinéma qui nous est vendue en grande pompe, la part artistique est réduite à zéro, on ne peut plus compter sur la confiance d'un Spielberg vis à vis de ses spectateurs, donc, partons sur l'idée que ce film ne laisse aucune place à la subtilité et laisse les choses parler d'elles mêmes au lieu de les énoncer. Aucun sous-texte, ni sous-entendu.
Voilà ce qu'on apprend dans la première demi heure de film : ils ont ouvert le park ; les dinosaures sont salement exploités comme le pire des zoos ; ça n'impressionne plus grand monde alors ils tentent de faire du "encore plus gros". Seulement, ces informations arrivent au même instant où nous - spectateurs - découvrons le park. Donc, séquence "émerveillement" oblige, on nous présente ce spectacle lamentable, comme étant la magie incarnée, la beauté de la nature et de la joie. Je ne crois pas qu'une tête pensante s'est dit qu'on allait ressentir le cynisme de la chose, je pense vraiment que ça a été fait en 1er degré (et les explications surlignées tout le long du film prouvent que ce film n'a aucune subtilité). C'est bête, mais à partir de là, tout le film s'écroule et tourne à un vulgaire show d'escroc - et je n'irais même pas lister les personnages écrit avec les coudes et les séquences complètement cons.
Jurassic Park avait une double lecture amusante, le park et le film ne faisaient qu'un, recréer des dinosaures avec la génétique était aussi fou que les créer en images de synthèse. C'est un entremêlement parfait entre le fond et la forme.
Jurassic World n'aurait pas du exister, tout comme le megadinosauredontjaidejaoubliélenom rex. C'est un spectacle pathétique où des gens plein de pognon tente de créer de nouvelles formes de divertissement sur les ruines de quelque chose qui a un arrière gout de sacré. Le publique est ingrat alors on va leur filer des horreurs.
Le cynisme suinte de partout, que ça soit dans la présentation merveilleuse du park glauque expliquée si dessus, tout comme 3/4 des scènes où les acteurs jouent des personnages qui enfilent tous les clichés possibles et en sont conscient - tout comme ceux qui ont fait le film. On regarde un film qui sait qu'il est un film, qui sait qu'il est une suite, et en joue mollement, comble du cynisme : les spectateurs qui hurlent et applaudissent devant l'aquarium, véritable représentation de ce qu'on est nous aux yeux de ceux qui ont fait le film.
Je ne saurais pas dire si c'est une tentative d'avoir un fond et une forme entremêlée comme l'originale, mais je retire ce que j'ai dit plus haut. Il y a bien un sous texte, que j'imagine involontaire, et il devient puant très rapidement. Une fois installé, il transforme chaque hommage au premier film en gros doigt d'honneur. Et c'est dommage car la plupart étaient agréable à voir (monsieur adn, le tshirt, le logo, les vestiges du centre des visiteurs...).
Une scène résume ça très bien, le brachiosaure agonisant tué pour le plaisir par l'hybride monstreux = Jurassic Park bouffé par son clone raté. Je crois que c'est ce décalage plombé qui est la plus grosse erreur du film, largement devant l'incohérence ou la platitude d'un paquet de scènes, des FX inégaux, et un rythme foiré.
Jurassic World n'aurait pas du exister, et la double-lecture involontaire l'exprime très bien.
Edit : je n'ai parlé que de l'application du scénario en images et je viens de me rendre compte que les scénaristes sont ceux du dernier planète des singes, où le problème est le même : sur le papier, ça pourrait jouer sur l’ambiguïté, la nuance et un second degré - mais une fois en image c'est bourrin et ça se vautre dans un délire ultra manichéen.