Plus de dix ans ont passé depuis le dernier épisode de Jurassic Park. Entre temps, la mode des reboots et autres remakes a pris des proportions délirantes, poussant logiquement Steven Spielberg et Universal à nourrir la nostalgie du public en redonnant vie à une saga encore très présente dans l'imaginaire collectif...
En 1993, Spielberg, à qui l’on doit déjà les monuments E.T. et Rencontres du troisième type ainsi que la trilogie Indiana Jones, réinvente le film de monstre, près de 20 ans après les Dents de la mer, considéré pendant longtemps comme Le " monster movie " ultime ! Jurassic Park, premier du nom, propage son attaque partout dans le monde avec des chiffres époustouflants. Des résultats épatants pour un blockbuster contenant une certaine dose de violence assez inédite pour un spectacle dit "grand public"...
La mode du tout numérique jouerait-elle contre la tradition d'excellence de la franchise dans le domaine des effets spéciaux ? Et bien non ! Les équipes d'ILM ont une nouvelle fois fait du très bon boulot. Hélas, ils n'ont manifestement retenu aucun enseignement sur les précédents épisodes. Les animatroniques ont manifestement été quasiment éliminés de l'équation ( Merci la 3D !!! ), tandis que l'animation semble ne plus se soucier de modèles physiques, comme Spielberg l'imposa par le passé...
Le long-métrage se pense et se vit comme une attraction, ni plus ni moins, mais il y a de toute évidence un sacré manque : le refus du film de nous offrir la dose de frissons indissociable de la saga Jurassic Park. Non content de piocher presque toutes ses victimes parmi des figurants anonymes, le film ne nous offre pas le cataclysme annoncé par ses bandes-annonces. On se demande ainsi quel était l'intérêt de situer l'action dans un parc rempli de touristes, pour finalement ne pas vraiment les confronter aux dinosaures affamés qui les entourent. Une timidité regrettable quand on sait que la conclusion furieuse du Monde Perdu n'empêchait pas le film de demeurer un divertissement grand public...
Malgré tout, le film affiche des moments d'action plutôt réussis ( la scène finale ), quelques séquences captivantes de violence effrénée, un humour inégal et sombre, voire même une certaine surenchère ( la séquence de la moto et des raptors, tirée du livre " Le Monde Perdu " et dont Spielberg parle avec passion depuis une dizaine d'années ! )...
Jurassic World est donc comme chaque volet de la saga un quasi remake du premier, mais il parvient pourtant à éviter la standardisation. Qu’il touche dans le mille ou trébuche sur son ambition, le réalisateur ne s’excuse de rien et, dans ce processus d’affirmation de lui-même, livre un blockbuster hautement divertissant, mû par une complicité joyeuse et sincère avec le spectateur !!!.