C'est qu'elle aura savamment pris son temps cette énième suite de la franchise aux dinos, avant de venir squatter nos salles obscures pour notre plus grand - on l'espérait - plaisir.


Quatorze ans tout rond, une gestation lente et minutieuse ayant connu bon nombres de rumeurs des plus invraisemblables (des dinosaures génétiquement modifiés et armés qui se voient utiliser par une milice paramilitaire !), artworks à l'appuie.


Reste que la voilà enfin, débarquant belle et pimpante en ce début de mois ciné de juin, précédée d'une aguichante mais chargée campagne promotionnelle qui en aura fait bander plus d'un (le domptage des raptors, une idée fantasmée par Spielby himself), même si le spectre de la redite grondait comme un nuage des plus sombre au-dessus de sa pellicule, et encore plus quand on sait que le réalisateur en tête du projet, Colin Trevorrow, est un rookie dans l'univers du blockbuster franchisé et friqué.
Évident remake/suite du film original comme l'était en leur temps Le Monde Perdu et Jurassic Park 3, Jurassic World s'impose pourtant très vite comme la meilleure séquelle de la franchise (devant le pourtant excellent Le Monde Perdu), aussi fidèle aux thèmes chers de Jurassic Park (les scientifiques jouant impunément avec la nature en se prenant une nouvelle fois pour Dieu, ceux-ci ne retenant justement pas les erreurs du passé et continue à prospérer sur la recette miracle du parc à thème original), et à sa volonté de grand spectacle sur grand écran.


Porté par un premier acte solide, le film s'inscrit donc dans la droite lignée de son modèle en mettant sur pied le rêve fou de John Hammond, un véritable parc ou les affreuses bébêtes préhistoriques serviraient d'attractions majeures à des milliers de visiteurs chaque jour.


Steven Spielberg nous avait fait saliver avec ce rêve, Colin Trevorrow le réalise en ouvrant définitivement les portes de la chose, et autant dire qu'il a mis les petits plats dans les grands tant son parc version XXL est aussi éblouissant que foutrement bandant (le parallèle avec Disney World n'est pas si anodin), les dinosaures étant pour le coup incroyable de réalisme.
Trevorrow brosse le spectateur/fan dans le sens des écailles, joue sur le dépaysement et l'imaginaire de son auditoire et cela très vite paye tant notre découverte du site est un émerveillement de tous les instants.


Dès l'arrivée sur Isla Nubar, le bonhomme nous en donne pour notre argent et nous embarque dans une aventure délirante prenant petit à petit jouissivement les traits d'une mission de secours/traque au sein d'un second acte ou l'avidité et l’appât du gain entre encore plus en scène avec la création de l'Indominus Rex.


Une créature hybride très loin d'être un dinosaure (un monstre, tout simplement), uniquement créer par les scientifiques dans le but de booster encore un petit peu plus les visites et les ventes du parc, servant non seulement d'attraction majeure pour le métrage (un monstre à combattre plus imposant, sauvage et dangereux que le T-Rex légitime à lui seul une nouvelle suite) mais tout autant de bel outil au cinéaste pour son pamphlet méta du spectateur que nous sommes tous.


Et que le cinéaste ironise autant du consumérisme de la société contemporaine mais également de la ligne directrice Hollywoodienne de ces trente dernières années (des franchises toujours plus grosses, identifiables et imposantes pour attirer en masse le spectateur, une méthode dont le film est lui-même le fruit), dans un blockbuster estival, ajoute clairement une nette valeur ajoutée à ce divertissement définitivement bien plus malin qu'il n'en a l'air.


Pur produit spectaculaire au cachet nostalgique de la firme Amblin (ouf, le thème de John Williams est sauf !), renouant habilement avec la magie du premier opus tout en se logeant intelligemment dans son ombre (les références au film sont légion, et la mise en scène de Trevorrow transpire celle de Spielby) et en en calquant son côté hautement décomplexé pour une péloche estampillée " tout public " (la violence et la tension de certaines scènes sont par ailleurs à couper le souffle), Jurassic World est métrage old school et fun comme on en rêvait, emballant, prenant et captivant s'autorisant une bonne dose d'humour salvatrice.


Dommage alors, que celui-ci se laisse aller à quelques prévisibilités et facilités (surtout dans le second acte) mais surtout, qu'il s'ôte la capacité d'une véritable singularité dans sa mythologie et dans son traitement (l'affranchissement total de la péloche mère ne semble pas prévu pour tout de suite visiblement), voir même de personnages aussi charismatiques et plaisants à suivre que ceux d'origine (Ian Malcolm et Alan Grant en tête); même si les personnages de directrice du parc aveuglée par le boulot campée par la sublimissime Bryce Dallas Howard et celui du génial Chris Pratt - qui fait du Chris Pratt -, sauvent l'honneur.


Notre Omar Sy national s'avère quand à lui au final assez convainquant.


Dans l'état, Colin Trevorrow comme confirmé plus haut, à rendu une copie des plus remarquable et jubilatoire, pur hommage aux grosses productions de l'époque - tout comme A la Poursuite de Demain - au final sacrément jouissif (T-Rex rules !).


Reste que tonton Spielberg peut dormir sur ses deux oreilles, il faudra certainement attendre un potentiel cinquième opus pour que l'on vienne titiller la grandeur de son Jurassic Park premier du nom - et encore.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2015/06/critique-jurassic-world.html

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le 8 juil. 2015

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