Attention au détournement de mineure, Dave...

Une approche toujours aussi complexe du super-héros moderne, celui qui floute les frontières entre fantasme de geek et véritable coeur de lion.

Haaaa... Le rêve du justicier.
Kick Ass, c'est commencer par vouloir l'être, puis y ressembler, et enfin le devenir. Ceux qui lisent un peu de comix connaissent cet esprit animé de bonne volonté qui se fait petit-à-petit bouffer par les responsabilités et le doute. Parfois ça fait regretter le ton ultra manichéen des années 50... Mais bon, quitte à donner un cachet réaliste autant que ce soit bien fait.

Cet opus met en avant Mr et Mme Tout-le-monde, galvanisés par l'esprit d'équipe et l'effet placebo du costume. Cela va plus loin qu'un simple plaisir coupable, même si chacun a des raisons plus ou moins légitimes d'enfiler une combi moulante pour se substituer à la loi. En cela, le côté sans-concession du personnage joué par Jim Carrey (sorte de Punisher, mais en plus sociable) est la bouffée d'air frais du film.
Car pour ce qui est de nos vétérans du premier opus, il semble que les questions existentielles et les hormones aient un peu pris le dessus. Dommage, car cela leur retire leur marginalité. Dommage aussi, parce que Hit-girl qui devient un coeur d'artichaut maléable et "so girly" ça plombe le rythme du film et ça ébranle un perso qui était au départ 100% pur kiff. Ces anecdotiques histoires de popularité et d'amourettes de lycée auraient dû être réglées en 2 scènes de 2 minutes chacune, et basta. Tu te bats bien fillette ; mieux que tu ne joues, des fois...
Bref, à trop vouloir gagner sur tous les tableaux, le réal perd quelques spectateurs en route.

Les méchants, eux, sont là pour le burlesque. Des caricatures qu'on tourne d'abord en dérision avant de se rendre compte que leur faire enfiler un costume qui pointe grossièrement leurs origines ne fait pas d'eux des personnages de cartoon. Exit le Joker des années 60, les vrais monstres sont ceux qui torturent, violent et tuent. Se faire instrumentaliser par un gamin pourri-gâté n'est qu'un voile que le "Motherfucker" se met devant les yeux pour faire passer la pillule. Et le pauvre va s'en rendre compte au prix fort ; chacune de ses décisions grillant progressivement ce qu'il lui reste d'innocence pour en faire une âme en perdition. Y'a de quoi avoir pitié pour lui.


L'action, elle, est toujours là. Rien à redire même si elle est enrobée d'une bande-son un peu moins percutante que dans Kick Ass 1. Et parfois un peu grossière. Mais who cares ?

Et bien sur il manque cette fraîcheur inhérente à la découverte d'une nouvelle licence. N'empêche que c'est une suite assez fidèle... Toutefois il subsiste un doute quant à ce que cela aurait donné dans les mains de Matthew Vaughn...