C'est glauque, c'est noir, c'est sale
Ca se passe dans l'Amérique profonde au sein d'une famille de perdants, fauchés, drogués, alcooliques et illettrés. Le fils passe un deal avec son père pour qu'un tueur à gage tue sa mère. N'ayant pas suffisamment d'argent à avancer pour le contrat, il "vend", au tueur, sa propre sœur.
Voila le contexte : c'est glauque, c'est noir, c'est sale. Et le film va tourner autour de cette cohabitation forcée, dans une caravane, pendant 1h30. C'est à la loupe que l'on va observer cette bande de malades s'entretuer ou tenter de survivre dans cet environnement hostile qu'ils ont eux-même créé. Et là, il faut dire que le casting est parfaitement réussi car chaque acteur apporte vraiment sa pierre à l'édifice.
Mon préféré, c'est le père (Thomas Haden Church). Il m'a hypnotisé tout le film et pourtant il n'a qu'un rôle passif, celui du type qui ne peut qu'observer car la situation lui échappe complétement. Il en impose vraiment dans le rôle du patriarche traditionnel, viril et travailleur, tout en transpirant l'imbécilité finie et la soumission forcée.
Car devant lui, s'élève Joe Cooper (Matthew McConaughey) qui transite dans différents états : d'abord celui du flic badass caricatural qui fait peur au molosse familial, puis celui du curieux face à Dottie pour ensuite s'imposer au sein de la famille jusqu'à ce que sa folie explose. McConaughey est réellement magistral dans son rôle, c'est la grosse surprise du film.
Pourtant, en face, il y a Dottie (Juno Temple). La jeune sœur est le grand mystère qui sert de fil rouge à l'histoire, elle oscille entre la gentille fille un peu (beaucoup) niaise et la lucidité incarnée au sein d'une famille sans repères. L'actrice apporte beaucoup de fraicheur et de légèreté au film, contrastant avec le reste de l'ambiance, et passe pour une sirène au milieu d'une mare de déjections.
On complétera ces portraits de famille par la belle-mère jouée par Gina Gershon, qui fait le job dans ce rôle de salope (si je peux me permettre) sur le retour et le fils, interprété par Emile Hirsch qui malheureusement n'est pas à la hauteur face aux autres acteurs au sommet de leur art.
De grandes performances d'acteurs, donc, pour ce drame sordide à ne pas mettre entre toutes les mains en raison de la crudité des scènes et des violences psychologiques et physiques qui sont montrées. Seul regret, la qualité de l'image qui est vraiment trop cheap (particulièrement lors des dernières scènes). OK, le film est indépendant mais il y a des imites quand même. Heureusement que Juno Temple nous fait rapidement oublier ça...