A totally twisted deep-fried Texas redneck trailer parker murder story !
Voilà, je suis repu ! Globalement, j'ai trouvé que cette fin d'été était pauvre, très pauvre niveau cinéma mais ce film m'oblige à réviser mon jugement. Il est rare de se prendre une telle claque par surprise, ce qui est le cas avec Killer Joe. Un pitch original et alambiqué, des acteurs pas toujours au top côté carrière (McConaughey par exemple), un réalisateur survivant d'une gloire passée, ce film est pas le produit le plus bandant sur la papier. Et pourtant... Et pourtant !
Tous les défauts (et il y en a peu) sont concentrés dans les 5-10 premières minutes avec des personnages qui peinent à s'installer et qui ont très peu de volonté. C'est simple, Chris débarque, propose à son père de tuer son ex-femme pour toucher l'assurance-vie. En trois secondes, on passe du "oh, c'est mal" à "Ok, comment on fait ?". C'est franchement un peu facile. A croire que personne ne peut la blairer cette femme (qu'on ne voit d'ailleurs jamais de son vivant). On comprend alors qu'on est dans une famille totalement désunie qui tente une magouille ensemble. L'arrivée de Joe Cooper, flic de profession et tueur à gages pour arrondir les fins de mois, va lancer le film sur une pente que personne ne pourra remonter. Dès qu'il ouvre la porte, on comprend qu'elle se ferme pour tous les autres protagonistes. La pression commence à s'accumuler jusqu'à paralyser le spectateur lui-même. Le film devient presque un survival pour les personnages qui tente de s'en sortir, et surtout d'échapper au glacial Killer Joe. Les 30 dernières minutes sont exceptionnelles avec une sorte d'interrogatoire improvisé de 10-15 minutes où l'on voit qu'ils sont tous empêtrés si loin dans la merde que cela ne peut pas être pire (le moment du morceau de poulet a été insupportable pour une dame de la salle qui a préféré sortir) et cela empire encore et encore. La fin est une apothéose de toute la pression accumulée. J'en dis pas plus.
Parlons des acteurs. Si Emile Hirsch fait son job sans casser la baraque (je doute qu'il était le plus qualifié pour ce rôle), les autres sont très bons. Juno Temple est touchante, flippante et a vraiment tout donné dans ce rôle de la soeur Dottie, forcée à être la petite amie de Joe. Le couple père/belle-mère redneck fonctionne très bien grâce à la justesse de Thomas Haden Church et Gina Gershon. Et le meilleur pour la fin : Matthew McConaughey. Je n'avais jamais vraiment apprécié cet acteur pas loin d'être raté, et bien je change mon fusil d'épaule. Il joue ici le rôle de sa vie et quel personnage ! Froid, oppressant, calculateur, menaçant, violent, malsain, vicieux, il présente toute la panoplie du psychopathe. Sa présence à l'écran écrase tout, à tel point qu'on n'arrive plus à réflechir aux conséquences des actes de chacun et qu'on se met dans sa peau car l'on sait tout, comme lui, alors que les autres ne le sont pas.
Film uppercut qui ne peut laisser indifférent (tout ce que j'aime), il pourra rebuter de nombreux spectateurs. Killer Joe un thriller oppressant dirigé par une main de maître, William Friedkin (French Connection, 1971 et L'Exorciste, 1973) qui était plutôt annoncé à la retraite depuis 20 ans. Un retour fracassant donc et un film majeur de 2012.