Affreux, sales et méchants
Le film démarre dans un parking pour mobile home, en pleine nuit, sous une pluie battante, au beau milieu du Texas. Le décor est posé. On est dans cette Amérique sale, inutile, qui n’intéresse personne. Celui qui frappe à la porte, c’est le fils de la famille. Il doit de l’argent, et il vient proposer au père de tuer la mère, pour récupérer les 50.000 dollars de l’assurance vie. Pour que ça ait l’air d’un accident, il fait appel à Killer Joe, un flic qui pratique également le meurtre, en "à côté"…
Une idée aussi simple et imprévisible que les personnages. On est loin des crétins des frères Coen, qui les filment le plus souvent avec humour. Ici, on est chez les cons dangereux, sales et malsains. Les personnages ont une idée et s’y accrochent fermement, persuadés qu’elle est excellente. Ils en ont si peu souvent que lorsqu’ils ont une étincelle, ils préfèrent s’y tenir, de peur d’attendre encore des années avant d’en avoir une nouvelle. William Friedkin n’est pas les frères Coen. Il n’a pas leur humour, et préfère montrer les choses plutôt que de les suggérer.
On est tendu, inconfortable, mal installé, face à ces visages sans vie, désespérés, impuissants devant le vide de leur esprit, cette vacuité ne leur laissant pour seuls choix que l’argent, la violence, et le sexe comme moyen d’humiliation.