Kingdom of Heaven par Karim

Après un monument historique comme Gladiator, on attendait avec impatience que Ridley Scott se relance dans un film d'histoire, et le voici avec Kingdom of Heaven où le thème sont les croisades pour la conquête de Jerusalem, la Terre Sainte.

Kingdom of Heaven a tout du chef-d'oeuvre maudit : une version courte correcte sans plus, dont les thèmes très polémiques sont encore mal compris aujourd'hui. On l'aura compris, le film est à voir en director's cut uniquement, car avec 1 durée totale de 3:10 et 42 minutes de plus que le montage original, Ridley Scott aborde de la manière la plus éclatante cette fresque qui entretient de nombreux rapports avec ce qui se passe aujourd'hui.



Le savoir-faire de Scott n'est plus à démontrer et ce depuis longtemps. Graphiquement splendide, Scott prouve encore 1 fois que le scénario reste l'échine de tous ses films. Pas de manichéisme, de faciliter, et beaucoup de sincérité, Kingdom of Heaven est une histoire de personnages qui traînent lourdement leur vie, leurs actes, et leurs décisions. Si l’Histoire n’est pas rigoureusement respectée, on a là incontestablement un des rares films épiques du cinéma occidental, peut-être le seul du cinéma récent.

Par contre il est indispensable de voir la version longue qui seule permet de comprendre pourquoi un obscur forgeron peut faire preuve de qualités de combattant, de stratège et d’ingénieur lors du siège de Jérusalem. La version longue permet de comprendre le comportement de Sybille dont le fils quasiment éliminé dans la version courte, s’avère atteint de la lèpre si bien qu’il est euthanasié par sa mère. Quant au personnage de Tibérias il prend une épaisseur considérable et contribue à developper les passages politiques. Cette version longue développe les Intrigues de cour, les thèmes de la diplomatie et de la rivalité pour le pouvoir en Terre Sainte, précisément entre le parti de la guerre, celui des Templiers / Renaud de Châtillon / Guy de Lusignan et celui de la paix : Baudoin IV, le Lépreux / Tibérias (Raymond III de Tripoli).

Donc il est évident que Ridley Scott s'impose expert en reconstitution historique (aprés Gladiator, Robin des bois, etc), "Kingdom of Heaven" souffre certes de lenteurs scénaristiques qui plombent de temps en temps le rythme de l'intrigue. Mais coté casting, il n'y a pas reellement mot à redire, si ce n'est que l'on peut reprocher à Orlando Bloom son coté trop passif à certains passages. Musicalement, le contexte et le sujet auraient peut être sucité une composition un peu plus variée de la part d'Harry Gregson Williams peu inspiré. Les décors sont grandioses, la mise en scéne de Scott efficace (quoiqu'un peu fénéante), mais l'alchimie ne prend pas à chaque fois.

Kingdom of Heaven est devenu culte grâce à son réalisateur, Ridley Scott qui retranscrit une nouvelle fois l'histoire magnifiquement mais il faut le voir en version longue pour capter toute la force de ce film. Les acteurs choisis sont bons et le paysage et le décor est juste époustouflant. A voir et à revoir !!!