Knight of cups, film de Terrence Malick, décrit la quête de Rick (Christian Bale), scénariste hollywoodien, à travers sa recherche de l'amour, sa quête de sens et de connaissance de lui-même. Ce "voyage" est mis en parallèle avec une histoire: celle du fils du Roi de l'Est parti, à l'Ouest, en Égypte chercher une perle provenant du fond de la mer. Lorsqu'il parvint en Égypte, les habitants lui servirent un breuvage qui lui ôta la mémoire, il oublia ainsi son but et qu'il était le fils du Roi. Il sombra ensuite dans un profond sommeil.


Rick est au début plutôt déconnecté de ses origines et ne se connaît qu'assez peu. Ces deux thèmes sont représentés par la présence d'eau, elle apparaît dans les souvenirs de Rick et dans les nombreux moments à l'océan, dans des piscines. La présence d'eau est en fait un indicateur sur le rapport qu'entretient Rick avec son identité.


Ainsi tout comme le fils du Roi qui a perdu la mémoire et est enfermé dans son sommeil, Rick ne sait pas ce qu'il cherche et se sent prisonnier de son mode de vie. Le film présente l'errance de Rick à travers ses rencontres dans sa quête de l'amour véritable. Il doit cependant arrêter d'errer, faisant notamment référence au côté hédoniste du scénariste et à ses fausses idées sur l'amour qui lui font perdre du temps et l'écarte du chemin menant à la perle, l'amour, il faut qu'il sorte de son sommeil.


Au niveau de la forme, Knight of Cups présente tout comme To the Wonder et Tree of Life, un côté très onirique qui se ressent principalement par l'absence d'une narration classique, par la parcimonie des dialogues, les faibles durées des plans qui n'excèdent jamais plus de dix secondes et évoque le souvenir, les angles de caméra (Emmanuel Lubezki, le directeur photo de deux précédent films de Malick, de Birdman et de The Revenant, est encore de la partie) qui offrent une vraie qualité visuelle au film notamment à travers la lumière - qui participe à donner une dimension fantastique au film lors de certains passages -, les courtes focales pour expliciter encore plus les expressions faciales des personnages et ainsi permettre de mieux connaître leurs ressentis, et surtout l'hyper-utilisation des symboles qui feront détester le film à ceux qui n'ont pas aimé Tree of Life (il n'y a pas de dinosaures mais des aurores boréales) et plongera les fidèles de Malick dans le même jeu d'interprétation lors du visionnage que dans ce précédent long-métrage.


L'expérience sensorielle qu'offre Knight of Cups en fait incontestablement une oeuvre réussie au niveau de la forme; cependant j'ai entendu ici et là des gens se plaindre du manque de propos du film ce qui m'a fait douter et m'a poussé à le voir une deuxième fois. Le film n'est-il qu'une juxtaposition de jolis plans avec de la belle musiques et des voix-offs articulant des mots au hasard ?


Je ne le crois pas. Je pense que les gens avancent cette critique car ils ne sont pas à l'aise avec l'aspect spéculatif qu'implique une compréhension du film et que pour en dégager du sens, il ne suffit pas d'assister au film passivement, il convient d'essayer d'interpréter les symboles, je pense notamment à l'eau ou aux routes. Une autre critique que j'ai vu passer c'est celle du manque de structure du film. En effet selon certaines critiques, il y aurait peu de structure, ce que je juge vrai lorsque le film est jugé comme un film hollywoodien mais erroné si nous le voyons comme la continuité de ces deux films précédents. Le film aurait moins de structure que Tree of Life et je ne suis pas d'accord avec ça, notamment car le film est structuré en chapitre à travers les cartes de Taro et d'autre part car nous suivons Rick à travers son voyage et que nous assistons successivement à des progrès ou des pas en arrière, plus généralement à ses changements de direction lors de sa quête.


Je trouve que le film aborde des sujets assez variés et décrit des sentiments très spécifiques, notamment à l'aide de tous les symboles. C'est selon moi ce qui fait la plus grande force de Malick en tant que réalisateur, il possède une capacité à créer un langage non-verbal quasi exclusivement basé sur les symboles. La place laissée à leur interprétation nous pousse à comprendre les sentiments des personnages à travers les sensations que nous connaissons déjà en tant que spectateurs, cela crée du lien entre lui et le film et participe à en faire une oeuvre riche sensiblement parlant. Selon moi, le film traite, comme souvent dans l'oeuvre de Malick, du retour au point d'origine, passage obligé du voyage de Rick qui pour trouver l'amour véritable doit retrouver qui il était, et de la masculinité toxique pour les femmes. Les thèmes principaux du film sont également la quête d'identité, les relations familiales et amoureuses, la question du temps et de la manière d'écrire sa propre histoire ou encore la distinction entre ressentir et vouloir ressentir.

DreamyCinephile
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le 18 avr. 2021

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