Vu en VF. J'ai franchement beaucoup aimé toute l'entreprise de déconstruction de la cellule familiale. La famille est au cœur du film je trouve, même si celui-ci, à première vue, ne semble graviter qu'autour de Keanu Reeves. La tentation que les deux filles, aussi bonasses que vulgaires, personnifient va être le pivot de l'implosion du foyer américain si bien dépeint au début du film avec ce père si fidèle, aimant et compréhensif et sa famille si parfaite (à tel point qu'elle en devient, sûrement volontairement, agaçante).


D'un point de vue scénaristique, le film évoque clairement le Funny Games d'Haneke : un huis-clos infernal à la violence tant physique que psychologique au sein d'un foyer familial aisé et perturbé par deux éléments représentatifs d'une certaine jeunesse. Mais je crois que ça ne va pas plus loin au niveau de la comparaison, le film de l'Autrichien étant beaucoup plus conceptuel et théorique dans son approche de la relation cinéma/spectateur. Le film de Roth, n'ayant pas le caractère expérimental du film d'Haneke, est quant à lui typiquement américain dans la pensée car remettant profondément en cause l'une de ses institutions fondatrices. C'est tout un monde qui s'effondre dans un film si profondément ancré dans son époque (celle où la vulgarité bestiale prédomine) : le foyer américain parfait typique qui devient le théâtre d'une farce cruelle et cauchemardesque. Le film n'est pas du tout féministe contrairement à ce que j'ai pu lire au niveau des critiques : les filles ne semblent avoir aucune motivation et jamais le spectateur n'est de leur côté.


Cela dit, le film n'apporte pas grand chose de plus au sein du cinéma indé américain. Il utilise des ficelles assez usées pour entretenir un certain suspense et une tension qui monte crescendo. Souvent ça marche mais ça n'est jamais surprenant. Et au regard de la réputation sulfureuse qu'entretient la filmographie du réalisateur, j'ai été un peu surpris que le film soit aussi "sage" (je mets bien ça entre guillemets car trouvé les dernières 20 minutes quand même foutrement ahurissantes). Et puis beaucoup de raccourcis et de facilités scénaristiques, notamment sur les agissements des deux filles (qui permettent toutefois d'accorder à leur personnage une bonne part de mystère, ce qui n'est pas plus mal) et les réactions du personnage de Reeves (on a l'impression qu'il aurait pu s'échapper facilement une bonne demi-douzaine de fois - et le coup du flingue, c'est un peu gros).

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le 29 sept. 2015

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Kahled

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