Lorsqu’ils apprennent que Nai Nai, leur grand-mère et mère tant aimée, est atteinte d’une maladie incurable, ses proches, selon la tradition chinoise, décident de lui cacher la vérité et organisent un grand repas pour partager ses derniers moments.
Second long-métrage de Lulu Wang, L'Adieu touche à la vie de la réalisatrice et tente de faire un bilan entre la nouvelle et l'ancienne génération d'une famille, toutes deux séparées de milliers de kilomètres.
C'est dans une atmosphère de mensonge et de regret que se rythme le long-métrage. La famille Wang, qui au gré du temps à vu sa vie se diriger vers les USA, le Japon, ou rester en Chine, se retrouve tous ensemble dans une facette commune mensongère : celle de cacher à Nai Nai sa maladie et sa mort proche. Au milieu de toute cette fratrie recomposée, les yeux de Billi scrutent ces retrouvailles faussées par la tradition Chinoise à l'allure hypocrite. Elle est jeune, elle viens de New-York, et est toujours restée en contact avec sa grand-mère en Chine. Leurs relation est forte. Le liens entre l'ancienne et la nouvelle génération n'est pas rompu malgré l'éloignement et la réalité des choses.
Mais comment peut-elle avouer son incompréhension face au choix de son père et de sa famille, de cacher la vérité à Nai Nai. Son ''statut'' de petite-fille, la conduit inévitablement à suivre ces aînés dans cette épopée mensongère au cœur de leurs Chine natale, oubliée depuis des années.
C'est le mariage de Hao Hao (un petit-fils) qui justifie ces retrouvailles. Dans une touche humoristique qui va accentuer le récit au lieu de le laisser sombre, les événement de partage, les discussions sur la vie des uns et des autres, et l'amour familiales vont agrémenter ces adieux. Derrière les sourires et la joie, se cache la vérité sur la fin de vie proche de leurs mère et grand-mère tant aimée.
Pour argumenter ce mensonge qui vaporise le récit, une certaine hypocrisie et certaines fausses-relations vont toucher cette famille. En grande partie, ce couple entre Hao Hao et sa petite-amie censés se marier mais dont la complicité reste assez flou.
Mais c'est avant-tout l'évolution des choses et de la société qui amène à faire trembler d'émotion le récit. Au-delà du temps qui a séparé la famille, c'est la destruction du passé et la monotonie du présent qui touchent Billi. Les grands immeubles sans saveurs remplacent les anciennes maisons fleuries où elle jouait étant petite; la multiplication des pierres tombales qui donnent l'impression d'un grand parking dénué de beauté; les technologies et la saleté qui touchent la ville; et évidement le mensonge inspiré d'une tradition qui ne fait plus sens aux yeux de la jeune femme.
Bien que sa fin perd un peu en subtilité, L'Adieu n'est pas dénué d'une certaine beauté, et apporte une touche chaleureuse et drôle dans ces retrouvailles mensongères entre les différentes générations de la famille Wang.
Une performance intéressante de la jeune actrice Awkwafina, qui lui à valu le Golden Globe de la meilleur actrice dans un film musical ou comédie. Situation à suivre pour les Oscars ! Même si L'Adieu sombrera surement dans ''l'oubliable'', cette année 2020 commence plutôt bien !