En chine, Nai-Nai passe des examens médicaux alors que son état de santé est préoccupant, et attend patiemment les résultats. On lui diagnostique un cancer du poumon très avancé et les médecins ne sont guère optimistes. Il lui resterait trois mois à vivre. Sa sœur décide de lui cacher la vérité et prévient le reste de la famille. Ils doivent se réunir rapidement, prétextant le mariage du petit-fils de Nai-Nai pour tous se rassembler. Les deux fils (l’un vivant aux US et l’autre au Japon) et leurs familles prennent le premier vol en se promettant de garder pour eux la terrible nouvelle.
« Basé sur un vrai mensonge »
Comment dire adieu à une personne aimée, lorsque celle-ci ne sait pas la fatalité qui l’attend ? La question est inscrite durant tout le long-métrage, sur le visage des personnages, dans leurs silences, au cœur du paysage et des objets d’une Chine retrouvée. Le spectateur, lui aussi, est taraudé par la situation cruelle, connaissant la vérité irréfutable de la maladie de l’attachante Nai-Nai. Cette grand-mère si aimante et généreuse avec ses enfants et ses petits-enfants nous arrache des rires et des larmes, particulièrement quand nous découvrons sa relation fusionnelle avec Billi, sa petite-fille qui n’a presque jamais vécu en Chine.
L’adieu est un voyage progressif, mais sans retour, d’autant plus déchirant que ce gros mensonge fait parti d’une tradition éloignée de nos représentations occidentales. En Chine, on ne dit pas à un proche qu’il va mourir à cause de la maladie, on porte le fardeau pour lui jusqu’à la fin. Le film est une belle réussite esthétique, coloré et rythmé par quelques travelling et plans fixes inspirés. On se glisse avec délicatesse dans le quotidien d’une famille qui se ressoude et gravite autour de Nai-Nai, chacun retenant son souffle, s’empêchant de dévoiler l’inéluctable. Ne pas prononcer les mots c’est préserver l’innocence et la joie contre la mort.
On se sent bien, et on a mal au cœur. Le film nous parle de la transmission entre les générations, mais aussi de ce monde bien plus globalisé et accessible qu’auparavant. Il nous entraîne dans les discussions entre une grand-mère et sa petite-fille déracinée de sa culture natale. Avec un peu de pudeur, de l’humour et en prenant son temps, L’Adieu n’est pas l’appel irréversible de l’absence à venir, mais la beauté fragile des liens renoués.