Les malheurs de Sophie...
Sophie Marceau a longtemps été un mythe pour toute une génération. Les spectateurs ayant vu "La Boum" seront unanime sur le charme, le naturel mirifique de cette sylphide bien de chez nous. Difficile après cela d'oublier la petite Vic, qui aura bercé la jeunesse de milliers de gens. Peu probable de ne pas songer à la belle Sophie en écoutant "Reality" ou "Your Eyes". Pourtant, Yann Samuel a réussi, à la manière de Stephenie Meyer et sa magistrale daube surcotée chez les ados pré-pubères (qui souilla à jamais l'aura du vampire), à briser le mythe sacré qu'était feu Sophie "Vic" Marceau.
"Chère moi-même, aujourd'hui j'ai 7 ans et je t'écris cette lettre pour t'aider à te souvenir des promesses que je fais à l'âge de raison et aussi te rappeler ce que je veux devenir..."
Un pitch tout aussi navrant que le choix de mise en scène adopté par le réalisateur. La petite Vic est devenue la grande Marguerite, phénoménale commercial et négociatrice hors pair, nageant dans une piscine dorée tandis que d'autres plongent dans une baignoire rouillée. Un jour, elle reçoit une série de lettres qu'un notaire à la retraite lui transmet. Ces lettres, elles les a écrites une trentaine d'années plus tôt. Dorénavant, le réalisateur va montrer son côté propret, son penchant Disney moralisateur. Le propos mièvre et naïf comme quoi il faut réaliser ses rêves d'enfance, aussi improbables soit-ils, va être l'occasion pour Yann Samuel de nous mettre des flashbacks à tort et à travers, tentant de nous faire croire à une certaine magie de l'enfance (couleurs criardes, effets spéciaux somptueusement français...). En plus de la tendance "petite souris qui parle et qui a de grandes oreilles", le metteur a un énorme complexe "Dora l'exploratrice". Les dialogues surfaits et niais sont tantôt en français, tantôt dans la langue de Shakespeare. Les non-anglophones crieront au scandale face à cette maladresse scénaristique. Le métissage entre les deux langues n'aurait pas été aussi choquant si les acteurs avaient un tant soit peu potassé leur accent. On se demande alors comment Sophie Marceau a pu incarner une James Bond Girl !
Outre la pauvreté de l'écriture et de la mise en scène, "L'âge de raison" souffre d'un mal encore plus profond : le jeu d'acteur. Sophie Marceau jouit d'une prestation calamiteuse et indigne de son statut de star, d'icône de l'Héxagone, tandis que ses différents partenaires de "comédie" irritent, à un point tel que le spectateur est tenté de brûler tous les câbles audio présents, de se percer les tympans afin de ne plus jamais être capable d'entendre ces braillements terribles.
Sophie Marceau n'est plus. Son aura a disparu. Elle emporte avec elle cette ordure audiovisuelle qui ne doit jamais, mais alors jamais, être vue.