Tu es rude et squelettique, tu as une colonne Louis-XVI à la place des hanches, le nez droit et les pieds plats, Marienbad... mon amour.
9 novembre 96 — et révision proustalienne
Film fascinant. Trop peut-être. Il y a un stade dans l’art, et en particulier dans le cinéma, où la fascination tue la fascination. Le XXᵉ siècle est le siècle du cinéma, mais aussi de l’intellectualisme prout-prout ; où quand l’art se regarde le nombril, quand il se questionne sur lui-même, se structure en même temps qu’il se compose, se déstructure en même temps qu’il nous emmerde. L’essence même de l’art, c’est de s’adresser à un public, et la moindre des politesses, c’est de ne pas le plonger dans un tunnel d’ennui. Parce que oui, le spectacle est superbe, génial, et non sans intérêt… mais on s’emmerde !
(Et Dieu, que j’aime ça.)
C’est intelligent, fascinant. La photo est superbe. Écran large, découpage rythmé, montage structuré, mise en scène et jeu contrôlés, voire un brin mystérieux pour éveiller un instant la curiosité. Tout ça serait digne d’un grand architecte, même si on ne demande pas à un film de jouer les « grands » mais de se mettre au service d’un sujet. Ma belle dinde, t’as de jolies plumes, tu te tortilles avec comme personne, mais j’attends de voir quand je t’aurais mordu les fesses. La viande, la chair, les formes, la sueur, les viscères, les méninges en charpie, les tripes lâchées à la figure pour le plaisir de s’en badigeonner le corps ! il est là le plaisir du spectateur. S’enfiler de la pintade bien charnue, lui faire des enfants, la tromper, la retourner, la farcir, et toujours la mordre, encore et encore ! Quel plaisir peut-il y avoir à plonger ses dents, ou… les doigts, dans un chariot de supermarché avec ses formes bauhausiennes, répétitives, parallèles, tout en angles, en équerres, en lignes droites ?!
Lire le commentaire complet sur La Saveur des goûts amers : La Dernière Saveur à Marienbad
À retrouver sur La Saveur des goûts amers :
En rab :