Un voyage pour trouver enfin son vrai foyer
A l’heure actuelle, il est impossible d’imaginer une seule seconde un film de chien avec de faux chiens. Incompréhension totale en découvrant que ce film mélangera prise de vue réelle et motion capture, et qu’un chien a été créé tout en cgi. Ce même chien star de cette nouvelle adaptation de « L'appel de la forêt ». Malgré la présence d’Harrison Ford, et de mon amour pour les chiens, ce film, pour me préserver, je ne voulais pas le voir, terrifié à l’idée d’être face à un film sans âme. Figurez-vous qu'après quelques lectures d'avis sur les réseaux sociaux, j’ai été convaincu, je me suis forcé à aller au cinéma pour en avoir le cœur net. Aucuns regrets. Sa bande annonce laissait penser à un film sans âme. Ce n’est pas le cas, L’appel de la forêt a une âme et si vous avez aimé le Croc Blanc de Randal Kleiser, vous ne devez pas passer à coté, ressentirez les mêmes sensations éprouvées lors du premier visionnage de ce film.
Vous vous souvenez de l'adaptation de Croc Blanc réalisée en 1991 par Randal Kleiser? Cette revisite de "L'appel de la forêt" me fait beaucoup penser à lui. Croc Blanc, je chéris ce film depuis ma plus tendre enfance et j'espérais sincèrement chérir L'appel de la forêt. A peu de choses près, je peux dire qu'il a droit à une place dans mon cœur parce qu'il m'a émeut. Dans notre histoire, il y a des humains mais avant tout, il y a Buck, le héros de notre histoire, la STAR de notre film.
Au début de notre histoire qui nous sera contée par Harrison Ford pour les Anglicistes et Richard Darbois pour les Français, Buck vit une vie plutôt paisible et luxueuse comme chien domestique du juge du comté situé en Californie. Buck a la belle vie, il fait ce qu'il veut quand il veut, il a sa routine, il n'écoute rien ni personne, pas même son maitre qui l’aime. Mais un jour, la vie de pacha se termine, Buck est enlevé par un vendeur de chien de traineaux pour travailler dans les étendues sauvages du Yukon Canadien. Nous sommes au début de la ruée vers l'or dans les années 1890, Buck ne va pas tarder à découvert la face cachée de l’homme, confronté à la brutalité du monde extérieur. Buck va devoir s'adapter, apprendre à vivre au milieu d’une meute, apprendre le métier de chien de traineau, apprendre que dans une meute, il ne peut y avoir qu’un chef. Au cours de son aventure, il sera amené à rencontrer divers personnages, certains bons, d’autres mauvais, connaitra la tristesse, la joie, l’amitié, découvrir des paysages qu’il n’avait jamais vu. D’un ancien chien domestiqué, Buck verra sa vie changée à jamais.
Loin de tout, dans les grands espaces, Buck ressentait le froid comme
jamais auparavant.
Nouveau partenaire poilu pour Harrison Ford
Une bonne partie des animaux ont été créés en image de synthèse, sans doute pour éviter de s'attirer les foudres d'association et on comprend le geste. Malheureusement en utilisant cette alternative ô combien louable, L'appel de la forêt se tire une balle dans le pied et perd par moments son âme. Les animaux sont certes réalistes et le rendu excellent, il n’empêche que notre film souffre de la comparaison avec la réalité et ses personnages interprétés par de vrais hommes. Surprise toutefois puisqu’en quelques minutes, on s'habitude à cet esthétisme jusqu'à être frappé par quelque chose ayant attiré notre attention: le réalisme du regard de Buck. Dans la vie réelle, le regard d'un chien en dit long sur les diverses sentiments qui le parcoure. L’équipe technique a sût retranscrire ça en ce chien fait d’images de synthèse. Une prouesse étonnante encore jamais vue. Ceci a pour conséquences de rendre Buck attachant et finalement vrai.
Et puis nous avons Omar Sy optimiste, plus présent dans une œuvre américaine qu’il ne l’a été dans les précédentes, plus à l’aise, et surtout un Harrison Ford barbu, souffrant de deuil. Jamais l’acteur n’avait été si poignant. Tant de bonté ce dégage de son personnage qui ne sera pas toute suite le compagnon de voyage de Buck. Impossible de ne pas éprouver de la compassion pour ses deux personnages ayant vécus de terribles épreuves. L’histoire est bien installée, le travail sur Buck et toutes ses rencontres bonnes ou mauvaises également, la bande originale émeut et invite à l’aventure comme les œuvres d’antan, le monologue fait vibrer comme si on redécouvrait l’histoire d’un point de vue différent. L'on ressent cet "appel de la forêt", invitation à la découverte de notre moi profond.
Les films d'aujourd'hui ne possèdent plus ce que les films des années 80/90 possédaient. Au delà de ses multiples plans " sonnant la fausseté", « L'appel de la forêt » fait un retour en arrière qui fait un bien fou, qui inspire, force à saisir le plus important dans notre vie. Tendresse, générosité, sacrifice de soi et vrais sentiments sont revenus rien que pour ce film, j’espère que les spectateurs qui iront le voir ressentirons ce que j’ai pu ressentir. Merci.
Nous on fait que passer mais ça, ça reste là (John montrant à Buck
toute l’étendue des terres du Yukon).
Au final, L’appel de la forêt est à voir pour tous les amoureux de chiens et d’aventure en pleine ruée vers l’or. Emotion, aventure épique, rencontres, amitiés, fidélité, courage, humour, exploration, dangers, philosophie, le tout accompagné par un Harrison Ford et un Omar Sy émouvants livrant tous deux l’une de leurs meilleures prestations. Toutes ses choses, parfaitement développées et illustrées font que ce voyage, ce film, cette œuvre, vaut la peine d’être vécu et ce malgré son trop-plein de CGI mélangé à de vrais décors naturels. Pas parfait mais rappelant l’essentiel, invitant à voir autrement celui qu’on appel « le meilleur ami de l’homme ».