Il décida, cette fois-là, de ne pas courir

Film franco-italien de Jean-Pierre Melville sorti en 1969, cette Armée des Ombres nous amène au cœur d’un réseau de résistants, dans la France occupée de 1942. L’intérêt du film réside dans le fait qu’il s’inspire fidèlement du roman du même nom, lui-même inspiré de véritables personnages et de leurs témoignages.

Pour être tout à fait honnête, j’ai été un peu perturbé par plusieurs aspects de l’œuvre qui ne m’ont pas convaincu. Cette ambiance grise et triste a vite fait de me déprimer, je sais que ce n’est pas un film comique, mais j’aurais apprécié un peu plus de variété et de nuances dans les ambiances. Le film est d’une monotonie et d’une gravité qui a eu tendance à m’ennuyer. Autre gros problème pour moi, certains acteurs qui n’articulent tout simplement pas, le b.a.-ba du film français de l'époque, voilà pourquoi j’en visionne si peu… Franchement, Paul Crauchet apparait comme un expert du marmonnage dans sa barbe, on ne comprend qu’une réplique sur deux lorsqu’elles viennent de lui, c’est franchement usant et énervant. Limite faudrait visionner le film avec les sous-titres. Autre problème que je relève dans ce film, Simone Signoret. Alors OK, son personnage est fascinant, mais l’actrice, elle, me parait complètement à côté de ses pompes. Elle écorche ses répliques, cherche ses mots et ses attitudes. Une prestation ni fait ni à faire. Enfin, pour finir avec les maladresses du film, j’ai trouvé que le rythme était inégal, aussi si je n’avais vu que les deux tiers de l’œuvre j’aurais certainement attribué une note en dessous de la moyenne. La fin est bien plus intéressante que tout le reste. Malheureusement, le film sait où il va, mais les spectateurs doivent attendre patiemment qu’il se passe un événement vraiment notable qui justifie le spectacle. C’est le cas dans les dernières minutes, mais avant cela, on s’emmerde franchement.

Heureusement, l’intention du film est louable, avec une dimension historique des plus instructives, et des plus respectueuses. Les scènes difficiles, de meurtres par exemple, auraient pu me rebuter, mais elles sont mises en scène avec beaucoup d’ingéniosité, faisant la part belle à une humanité mise à mal. Comment parler des qualités du film sans évoquer Lino Ventura qui porte littéralement le film, presque a lui tout seul. Cet acteur est pour moi comme un vieil oncle tant il me fait penser aux anciens de ma famille. Il incarne le charme à l’italienne avec beaucoup de classe. C’est surtout et avant tout un acteur remarquable, ayant son propre style. Je n’en suis pas au point de regarder toute sa filmographie, mais j’apprécie grandement quand je le retrouve dans un classique. Aussi j’ai trouvé l’homme beaucoup plus convaincant dans L’armée des ombres que dans Les Tontons Flingueurs. D’une certaine manière, plus il vieillit mieux il joue.

Je ne sais pas trop quoi ajouter sur ce classique du cinéma, je ne l’ai pas trouvé excellent, je ne l’ai pas trouvé mauvais non plus. Je crois aussi que je l’oublierais relativement vite, non pas qu’il s’agisse d’un film quelconque, mais ce n’est pas tout à fait le genre d'ambiance que j’apprécie découvrir dans le cinéma de 1960 et 1970. En tout cas, il ne m’a pas marqué, excepté une scène ou deux que je saurais reconnaitre à l’avenir. Ce film mérite d’être vu, une seule fois c'est amplement suffisant.