Copie conforme d'un Rohmer très peu inspiré, L'Avenir ne parvient certainement pas à réaliser le souhait d'un Adorno qui y est cité et pour qui l'art doit être réelle création d'un individu et non pas mimésis dissimulée sous l'illusion de l'unique alors qu'elle n'est que reproduction d'une culture de masse - ici celle des bobos Télérama, contents de trouver un équivalent féminin faisant du Rohmer mais à qui il manque quelque chose pour être lui.
Outre la trop évidente et bien trop pesante influence du cinéaste français qui ne partage avec la réalisatrice guère plus que la compagnie de production, car, lui, excellait dans l'art du dialogue, inventait - le plus souvent à partir d'acteurs non professionnels - des personnages d'un naturel presque documentaire et en même temps d'une étonnante complexité psychologique; écrivait des scenari d'une grande subtilité derrière leur banalité apparente; avait un talent de conteur hors pair; respectait la liberté des personnages grâce à l'effacement de la main de l'auteur; … outre donc cette ombre trop grande qui pèse sur le film au risque de lui sacrifier toute originalité, soulignons aussi le manque de prise de risque dans les idées développées dans le film tout comme dans la mise en scène, Mia Hansen-Løve se contentant de reprendre des questions philosophiques dignes d'un manuel de lycée aux couleurs trop criardes dans des mises en situation d'une banalité affligeante, saupoudrant le tout de grandes citations qui sonnent ici si creux et mêlant des références allant à l'encontre de ce qu'elle a prétendu réaliser, négligeant l'esthétique de ses images et les costumes de ses personnages, développant des rapports plutôt stéréotypés entre ceux-ci, introduisant trop artificiellement les plages sonores, …
Toutes ces nourritures intellectuelles au goût de plat réchauffé nous laissent donc sur notre faim; leur lourdeur nous complique la digestion. Et leur pédantisme ne sied guère à Isabelle Huppert qui est la seule à pouvoir nous convaincre de rester avec elle.