L'Ecole de la vie par Sébastien Picout

"Le film "L'école de la vie " nous apporte un regard sur la vie sociale et l'insertion professionnelle des personnes trisomiques dans une structure adaptée en Chili, telle que l'ESAT, établissement et services d'aide par le travail (anciennement, CAT, centre d'aide par le travail). C'est un magnifique film qui veut montrer que les adultes trisomiques sont des êtres humains à part entière, dotés des émotions et capables de réagir, de penser et de donner des avis. Comme nous, ils ont des rêves, des espoirs et des craintes. Dans le film "l'école de la vie", Anita, André, Ricardo et Rita sont des copains trisomiques qui travaillent dans la même école de pâtisserie depuis 40 ans. Ils expriment leur désir d'indépendance, ils voudraient pouvoir faire comme tout le monde : être autonome, gagner et gérer de l'argent, se marier et fonder une famille. Ils ont conscience du regard de la société sur eux : "On n'est pas des animaux !" Voilà, justement, le film "L'école de la vie" pose la problématique sur l'autonomie et la responsabilité des personnes atteintes du syndrome de Down. En effet, comme tout citoyen, l'adulte trisomique a des devoirs et des droits mais du fait de sa déficience intellectuelle, il a besoin d'être protégé, encadré et accompagné dans des structures adaptées. A l'âge de 18 ans, les mesures de protection peuvent être proposées : la tutelle et la curatelle ... Mais là, le film "L'école de la vie " qui se déroule en Chili, montre des contradictions en ce qui concerne le respect envers des adultes trisomiques en tant qu'être humain responsable. En effet, alors que l'école de la vie les encourage à devenir responsables, à s'ouvrir, à s'exprimer librement, leur liberté est quand même limitée, voire très encadrée ... Et, j'avoue que le terme de l'Atelier "Adulte conscient" me gène, le mot "conscient" est pour moi, négatif si on pense à son contraire : "inconscient" ... J'aurais dit un autre mot : " Insertion sociale et professionnelle", c'est plus neutre ... Je serais curieux de l'attitude professionnelle des encadrants en Chili envers des adultes atteintes du syndrome de Down, sans la présence de la caméra ... Ont-ils une attitude positive envers eux ? MMhh ... D'ailleurs, le film "l'école de la vie" alterne de belles scènes lumineuses et drôles à celles tristes, plutôt déchirantes ... On est fasciné par la joie de vivre des personnes trisomiques portant des blouses blanches, expressifs et motivés à travailler, et leur humour spontané et tellement innocent ! On en sourit de leurs petits gestes coupables comme voler en cachette du chocolat dans les poches, gouter la pâte ... et on serre nos coeurs face au mépris de l'entourage familial et de la société envers les adultes trisomiques. Le lien entre un homme Ricardo et sa grand mère qui n'arrête pas de marteler qu'il est stupide, est déchirant ! De même, la séquence où Ricardo s'interroge sur son travail, son avenir, est émouvante ... Il y a un sentiment d'injustice quelque part ! Alors qu'il travaille bien et beaucoup, ses revenus sont dérisoires pour réaliser son rêve : acheter une maison ! La fin du film est révoltante, elle montre que le désir d'un tel projet exprimé par un usager trisomique, par exemple, rester dans le même établissement, n'est pas respecté ... C'est dur pour eux ! Enfin, le film "L'école de la vie" a pour moi, une approche psychopathologique, c'est à dire, une réflexion sur le regard de la société sur les personnes handicapées dans le sens général. En effet, pour la société, il n'est pas toujours facile de laisser la parole aux personnes handicapées qui veulent se lancer dans une telle action ou un tel projet et de croire en leur capacité de mener seules jusqu'au bout ... Ce n'est pas aux personnes handicapées de s'adapter à la société, plutôt l'inverse ! Voilà, bref, j'ai beaucoup aimé ce beau film "L'école de la vie" ... A voir !