L'Effet papillon par Francis Janvier
À une époque assez lointaine, ce film absolument glauque m'avait marqué par son concept tordu et sa thématique sur la théorie du chaos, théorie qui m'a toujours fasciné. Le scénario, loin d'être totalement cohérent et sans faille, est tout de même extrêmement prenant. On prend un malin plaisir à voir comment les actions du héros, aussi minimes soient-elles, parviennent à faire prendre au cours des choses une tournure complètement différente et toujours tragique. Le problème, c'est que par désir de bien marquer le contraste entre les différentes "vies" d'Evan, les changements sont surlignés au feutre rouge, parfois grossis jusqu'à l'extrême cliché (la prison = tous des tueurs nazis violeurs ; les prostituées = ça vit dans des taudis dégueulasses, c'est moche et sale, ça parle mal et se pique à l'héro...). Le pire c'est que l'usage de ces clichés est totalement compréhensible face au propos-même du film : si les changements n'étaient pas aussi gros, aussi tragiques, ça n'aurait aucun intérêt. Bref, le film fonctionne presque uniquement à cause de son concept et de sa réflexion sur le poids de nos actions, réflexion certes plutôt convenue dans le cercle des œuvres sur les voyages temporels (Donnie Darko et La Traversée du Temps notamment), mais entamée avec intelligence dans L'Effet Papillon. Et puis la fin director's cut, grisante et frustrante à la fois, terriblement nihiliste, dérangeante ; un vrai régal.