Récompensé par le Lion d'Or au dernier Festival de Venise, le second long-métrage d'Audrey Diwan (adaptant ici le roman autobiographique d'Annie Ernaux) suit le parcours d'Anne, brillante étudiante en lettres cherchant à avorter dans la France de 1962 suite à une grossesse non désirée, à une époque où l'avortement est reconnu comme un crime passible de prison.
Quelque part entre le drame et le thriller, dans une France conservatrice et aux prémices de la libération sexuelle, la caméra de Diwan ne quitte jamais notre héroïne (Anamaria Vartolomei, magnétique), cernée par les regards et les conventions qui pèsent sur elle, elle qui veut à tout prix poursuivre ses études et reprendre le contrôle sur son corps.
À travers une réalisation très immersive, le film évite le piège de l'aspect moralisateur qui pourrait se dégager de ce type de sujet, et retranscrit avec justesse et crudité ce que c'était d'être une jeune femme française à cette époque (et par extension une femme aujourd'hui dans de nombreux pays qui n'autorisent toujours pas le recours à l'avortement).
Une œuvre émancipatrice et frontale ne nous épargnant rien de la trajectoire solitaire et clandestine entreprise par Anne, qui doit passer par le pire pour se sentir enfin à nouveau libre.
Un récit parfois un petit peu flottant dans sa narration, mais une œuvre qui clairement ne peut pas laisser indifférent.
Et qui prouve que non, comme pourraient encore le penser certains, tout n'était pas mieux avant, bien au contraire. 7,5/10.
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