Il est amusant que Foster, dont j’ai vanté les rôles généralement intelligents au cœur des années 2000, se trouve ici coincée dans l’extrême inverse avec son rôle puérilement phobique d’écrivaine en panne d’écriture. Peut-être cherchait-elle à se “détendre” dans un scénario moins tortueux que d’ordinaire, mais ça ne l’obligeait pas à devenir l’héroïne d’Abigail Breslin, alias Nim, laquelle arrive à conserver plus de prestance que sa collègue adulte – sûrement parce qu’elle a été castée spécialement pour un film pour enfants & que c’était encore tout à fait son élément.


Pourtant le film prenait une piste créative qui promettait au moins un film familial. La différence entre un film pour enfants & un film familial, c’est que ce dernier ne renierait pas les sciences en bloc sous couvert d’un personnage scientifique (volcanologie, biologie… tout est allègrement piétiné) ni n’investisserait dans une ménagerie médiocre où les lézards peuvent quasiment parler & où les pélicans qui font koa-koa en ouvrant grand le bec sont les meilleurs amis de l’Homme. Un film familial aurait entretenu la trame affective sans avoir à la faire surjouer sur fond de musique épique ni multiplier les sous-intrigues. Il y avait tant à faire avec l’idée du personnage fictif qui prend vie, pourtant… ç_ç


C’est un peu ce qui sauve le film tout de même ; il se passe tant de choses que les pires erreurs sont vite passées sous le tapis (& je n’ai pas dit “nettoyées”) : un personnage qui se répète ou qui se souvient d’un coup d’un truc supposément oublié, les ”aurores boréales du sud” (les fameuses ! ; on est en droit de croire qu’Hollywood aurait les moyens d’investir dans un détecteur de pléonasmes), les “moussons” qui signifient “typhons”, la culture locale embringuée dans une touristoculture fausse & ridiculement consumériste…


Bof, chaque chose que j’énumère est une raison de plus à me rétorquer : “oui, mais c’est bien pour ça que c’est un film pour enfants”. À quoi je réponds avoir eu l’impression que le seul enfant qui a trouvé distrayant ou comique cette sal****ie de lézard lancé par une catapulte & qui fait “aaaaaaa” en se jetant sur des méchants, c’est Breslin. On passe un bon moment sur l’île, mais il ne dure pas un bon moment.


Moins on en a, plus on l’étale : voilà ce qui est arrivé à l’humour & à la rigueur de Flackett & Levin qui ont fait une grosse tartine antipédagogique de leur joli Pacifique australien.


Quantième Art

EowynCwper
3
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le 12 mars 2020

Critique lue 108 fois

Eowyn Cwper

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